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Né à Blankenberge en Belgique,
Frans Masereel est issu de la bourgeoisie flamande. Après de
brèves études à l’Académie de Gand, il vient à Paris en 1909 et donne
ses premiers dessins à L’Assiette au beurre dont le rédacteur en chef est Henri Guilbeaux. Réussissant à échapper à la mobilisation générale de 1914, il rejoint ce dernier en Suisse en 1915 et travaille à la Croix rouge internationale comme traducteur.
Il fréquente les milieux pacifistes et se lie avec Romain Rolland dont il réalisera la couverture du texte « Aux peuples assassinés » avant d’illustrer Liluli, Pierre et Luce (1920) et La Révolte des Machines (1921) ainsi que Jean-Christophe (1925-1927). Il crée la maquette de la couverture de Demain,
mensuel internationaliste lancé par H. Guilbeaux en janvier 1916, et
fonde, la même année, avec Jean Salives (Claude Le Maguet) la revue
porte-parole du pacifisme internationaliste Les Tablettes qui paraîtra
jusqu’en 1919 et dont il devient l’illustrateur attitré. Producteur
fécond d’images sociales et politiques gravées sur bois, il participe
au journal pacifiste La Feuille auquel il donne plusieurs dessins et
gravures contre la guerre. En 1918, il publie Vingt-Cinq Images de la
passion d’un homme et fonde, la même année, avec le poète René Arcos,
les Éditions du Sablier qui éditeront de lui Le Sang des autres,
Les Temps maudits de M. Martinet, Heures – Livre de la Nuit de P. J. Jouve ainsi
que l’anthologie Les poètes contre la guerre (1920), autant
d’œuvres ornées de bois dessinés et gravés de F. Masereel, qui publie
en outre des « romans en images » : (1919), IMon livre
d’heuresdée, sa naissance, sa vie, sa mort et Histoire sans
paroles (1920).
Collaborateur et ami de Verhaeren, Zweig et Barbusse, il
aborde dans ses œuvres les thèmes de la guerre, de la solitude de
l’homme, ses activités, ses peines mais aussi ses loisirs et ses
amours, dans un style proche des expressionnistes allemands dont les
travaux sur bois sont à la base du mouvement animé par le groupe Die
Brücke (1906-1913). Il illustre entre autres les œuvres de Vildrac,
Verhaeren, Maeterlinck, Charles de Coster, Walt Whitman, Tolstoï,
Tagore et Duhamel.
Ne pouvant pas rentrer en Belgique car considéré comme
réfractaire à l’armée, il se réinstalle en France en 1921, pour vivre,
en 1925, dans les environs de Boulogne-sur-Mer où il peint des paysages
côtiers, des vues de ports, et des portraits de marins et de pêcheurs.
La Ville (1925), Bilder der Grossstadt (1926) sont des œuvres qui
montrent que, selon lui, la ville agitée et bruyante est la cause du
mal humain et de la perte d’individualité.
Dans les années 30, le nombre de livres illustrés et de
gravures sur bois individuelles diminue considérablement. À Paris, il
expose à la galerie Billiet et expérimente d’autres techniques
picturales (peinture, aquarelle, cinéma d’animation).
Il quitte Paris en 1940 et séjourne dans plusieurs
endroits du sud de la France. Après avoir enseigné au Centre des
Métiers d'Art à Sarrebruck pendant plusieurs années, il s’installe à
Nice en 1949. Il meurt à Avignon en 1972.
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