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D’ascendance espagnole par son père, bretonne par
sa mère, René Arcos est né dans la banlieue parisienne à
Clichy-la-Garenne. Dessinateur dans l’usine du père d’Albert Gleizes,
il publie en 1903 son premier recueil de poèmes L’Âme essentielle et fait la connaissance l’année suivante de Charles Vildrac et Alexandre Mercereau avant d’être présenté peu de temps après à Georges Duhamel.
En novembre 1906, il découvre la propriété de la rue du Moulin, à Créteil,
en compagnie de C. Vildrac, et s’y installe pour fonder avec G.
Duhamel et le peintre A. Gleizes la communauté fraternelle et
artistique de l’Abbaye, qui se séparera 14 mois plus tard par manque de ressources financières.
En 1909, René Arcos effectue une tournée de conférences
sur la jeune poésie française, en Europe et au Proche-Orient. En 1913,
il participe à la revue L'Effort dirigée par J.-R. Bloch.
En 1914, il se fait réformer tout en acceptant d’être le correspondant
de guerre, jusqu’à l’automne 1917, du journal américain The Chicago
Dally News, d’abord près du front de Belgique et en France (où il est
arrêté quelques heures en 1915 pour espionnage), puis en 1916, en
Italie, Egypte, Grèce et Turquie. Lors de son exil volontaire en Suisse
(1916-1921), il rencontre à Genève Romain Rolland et publie Le Mal
1914-1917 à la maison d’édition de La-Chaux-de-Fonds (1918), vite
repérée, ainsi que René Arcos lui-même, par la police française pour
ses « publications défaitistes ». Avec le graveur flamand Frans Masereel, qui réalise les gravures sur bois de son recueil de poèmes contre la guerre Le sang des autres (1919), il est rédacteur à Genève à la revue La Feuille. Tous deux créent ensuite les Éditions du Sablier,
fruit de l’expérience acquise par René Arcos dans la typographie,
l’impression et la vente de livres au temps de l’Abbaye de Créteil. Les
Editions du Sablier publient des œuvres de Romain Rolland : Liluli (1919), Pierre et Luce (1920), La Révolte des machines (1921), Le Jeu de l'Amour et de la Mort (1925), Pâques fleuries (1926), Les Léonides (1928), Beethoven. Les Grandes Epoques Créatrices (1928-1945), ainsi que des œuvres de Charles Vildrac, Pierre Jean Jouve et Georges Duhamel.
En 1921, René Arcos fait paraître son roman Caserne aux éditions Rieder et c’est chez ce même éditeur qu’Europe verra le jour en 1923, revue qu’il fonde avec Paul Colin et dont il devient le rédacteur en chef jusqu’en 1929, date à laquelle Jean Guéhenno lui succédera. Cette année-là, il publie Médard de Paris.
Malgré son engagement pacifiste et anti-fasciste, René Arcos a toujours
fui les partis et les organisations politiques afin de préserver sa
liberté d’écrivain, ce qui l’a poussé peu à peu au retrait pour se
consacrer presque exclusivement a sa maison d’édition.
Il est l’auteur d’une biographie sur Romain Rolland (Romain Rolland, Mercure de France, 1950), ainsi que d’une dizaine d’ouvrages de poésie et de récits.
Roland Roudil
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