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Né en 1884 dans une famille de la bourgeoisie juive,
agrégé d’histoire en 1907, Jean-Richard
Bloch quitte rapidement l’enseignement pour se lancer dans le
combat politique et littéraire, rêvant de régénérer la vieille société
occidentale.
Installé à Poitiers, il milite au Parti socialiste
unifié, et devient en 1911 secrétaire fédéral de la Vienne. Il fonde en
1910 la revue L'Effort
(puis L'Effort
libre), assez proche du courant unanimiste,
et publie ses premiers recueils à la NRF : Lévy (1912) puis
Et
Compagnie (1917).
Mobilisé en août 1914, blessé trois fois, il approuve la
guerre patriotique et ne se rapproche de ses amis pacifistes et
internationalistes, de Romain Rolland
notamment, qu’à l’issue du conflit. Marqué comme lui par la révolution
russe, il soutient la naissance du Parti communiste, mais s’en éloigne
avant même la « bolchévisation » du milieu des années 1920.
Ces années où il demeure à l’écart du militantisme
(malgré un engagement modéré en faveur du pacifisme et même du
sionisme) sont les plus riches pour son œuvre d’écrivain. Il publie des
récits romanesques (La
Nuit kurde, 1925), des récits de voyage (Sur un cargo,
1924 ; Cacahouettes
et bananes, 1929), des nouvelles (Les Chasses de Renaut,
1927), des pièces de théâtre (Le Dernier empereur,
1926).
Directeur de collection aux éditions Rieder et pilier de la
revue Europe,
fondée en 1923, il acquiert une grande autorité dans les milieux
intellectuels, à la fois par son œuvre d’essayiste (Carnaval est mort,
1920 ; Destin du
théâtre, 1930 ; Destin du siècle,
1931) et par son rôle de médiateur et de mentor pour les plus jeunes
générations.
L’essor de la menace fasciste provoque son retour au
militantisme politique au lendemain du 6 février 1934 : il est
parmi les fondateurs du Comité de vigilance des intellectuels
antifascistes. Il évolue vers le communisme, notamment après un voyage
en URSS pour le premier Congrès des écrivains soviétiques en août 1934.
Son œuvre romanesque (Sybilla, 1932)
s’interrompt au profit d’essais de plus en plus engagé (Offrande à la politique,
1933 ; Naissance
d'une culture, 1936). Il devient la figure type de
l’intellectuel du Front populaire.
Organisateurs du premier Congrès international des
écrivains pour la défense de la culture, réuni à Paris en 1935, il
soutient les républicains espagnols (Espagne ! Espagne !,
1936) et devient avec Aragon
co-directeur du quotidien Ce Soir.
«Compagnon de route» du Parti communiste auquel il ne réadhère
formellement qu’après Munich, il soutient sa politique, y compris le
pacte germano-soviétique et, gagnant l’URSS au printemps 1941, il
devient la voix de la France à Radio – Moscou.
Rentré en 1944, il reprend la direction de Ce Soir, et
devient un des principaux dirigeants intellectuels du PCF. Très marqué
par les épreuves (sa fille meurt en déportation), il meurt brutalement
en 1947. Un portrait de Staline, L'Homme du communisme,
est publié à titre posthume en 1949.
Roland Roudil
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