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Fondé en 1916 par Henri
Guilbeaux, Demain se
veut l’organe du pacifisme
révolutionnaire et affirme ouvertement la dimension politique de
sa ligne éditoriale. Soutenue par des fonds privés, la revue est
interdite de diffusion en France à partir d’avril 1916 par Aristide Briand, alors ministre de
l’Intérieur, mais également en Angleterre et en Italie. Elle est en
fait surtout reçue en Hollande et dans les pays scandinaves et compte
800 acheteurs par numéro. Les articles traitent d’art et de littérature
mais s’y expriment surtout de nombreux intellectuels pacifistes
réfugiés en Suisse : Romain Rolland
y remplit les fonctions de « collaborateur-mentor ». Elle publie
ainsi tous les grands noms du pacifisme, « tolstoïens » (Pierre Jean Jouve) ou «
révolutionnaires » (Marcel Martinet,
Jacques Mesnil) et
reçoit les signatures de Jean de
Saint-Prix, Maurice Wullens
et Frans Masereel, qui a
dessiné la maquette de la couverture et donne régulièrement quelques
gravures sur bois.
En 1917, sous l’effet des événements russes, la revue
quitte le champ culturel au profit du politique. Surveillé par le
contre-espionnage français, victime de menaces de mort et de lettres
anonymes, Guilbeaux est arrêté par la Sûreté genevoise le 11 juillet
1918 et le financement de sa revue est mise en cause. En octobre 1918,
la publication de la revue est interrompue pour des raisons matérielles
et par l’arrestation de Guilbeaux. Cédée «temporairement» au Groupe communiste français de Moscou,
elle réapparaît, comme son organe, pour un seul numéro en septembre
1919.
Roland Roudil
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