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Homme de lettres et journaliste français, membre du
comité de rédaction de la Revue des Lettres et
des Arts avec Bazalgette en
1909, il collabore aux Hommes du Jour,
à La Bataille
syndicaliste, à La Guerre sociale,
à L’Effort libre,
L’Assiette
au beurre et publie en 1913 une Anthologie des lyriques
allemands depuis Nietzsche. S’orientant vers le socialisme
minoritaire, il fréquente les milieux anarcho-syndicalistes de La Bataille syndicaliste et La Vie ouvrière
dans l’entourage de Alfred Rosmer
et Pierre Monatte qui, en
1914, refusent l’ « Union sacrée ».
Réformé, il s’installe en Suisse en 1915 où il trouve du
travail à l’Agence internationale des Prisonniers de guerre grâce à R. Rolland dont il est l’un des
premiers défenseurs en publiant une brochure intitulée, Pour Romain Rolland.
Pacifiste et internationaliste, il crée en 1916 la revue
Demain
qui publie plusieurs articles de R. Rolland ainsi que Les Temps maudits
de M.Martinet.
En avril 1916, Guilbeaux est l’un des deux Français de
la Conférence de Zimmerwald. Il entre dans la mouvance de Lénine. En avril 1917, il signe à
Berne le protocole relatif au retour de Lénine en Russie – signature
lourde de conséquence pour sa vie ultérieure. Compte tenu des
événements dans ce pays, Demain
se radicalise et incarne le courant « internationaliste » du
socialisme qui va aboutir à la IIIe
Internationale, l’Internationale communiste en 1919.
Révolutionnaire au sein du parti socialiste, Guilbeaux devient
correspondant officiel de la Pravda à partir
de l’été 1917. Demain,
interdit en France, est une publication hostile à cause de son
implication avec les bolcheviks. Suite à une instruction ouverte contre
lui, il est accusé en février 1918 d’ « intelligence avec
l’ennemi », de pangermanisme et de défaitisme puisqu’il aurait
acceptée de l’argent allemand, ce qui aurait été d’ailleurs
parfaitement légal en Suisse neutre. Traître aux yeux des autorités
françaises, il est arrêté en juillet par la Sûreté genevoise pour
atteinte à la neutralité suisse, mais le parquet fédéral le blanchit du
reproche de financement par l’ennemi. Remis en liberté, il est à
nouveau arrêté en novembre, cette fois-ci sous la pression sur la
Suisse de l’Entente qui l’accuse de fomenter une révolution en France
(Guilbeaux était désigné comme «futur Lénine français » par le 2e
bureau français). Condamné à la peine de mort par contumace l’année
suivante, à la suite de la Grève Générale, il est finalement expulsé de
Suisse vers la Russie via l’Allemagne et échappe ainsi à la
condamnation à mort décidée à Paris par le 3e conseil de Guerre.
Le lendemain de son arrivée à Moscou, le 5 mars 1919, il
prend la parole – sur la demande de Lénine – au Congrès de fondation de
l’Internationale Communiste. Isolé à Moscou après la mort
de Lénine, son protecteur, il se replie sur Berlin comme correspondant
de L’Humanité.
Ce journal lui ôte son emploi et refuse même de lui payer ses
indemnités à la suite de son expulsion du PCF. Une campagne contre l’injustice
faite à Guilbeaux est menée par Les Humbles et
par le « Comité pour le retour en France d’Henri Guilbeaux », crée
par Maurice Wullens et soutenu
par R. Rolland.
Guilbeaux rentre en France en août 1932 pour se
constituer prisonnier où un non-lieu est prononcé après le retrait par
le gouvernement de son accusation (un acquittement de « deuxième
classe ») . Même s’il veut profiter du changement de stratégie de
l’Internationale communiste, qui désormais veut lutter sur un front
commun anti-fasciste, il ne sera plus jamais accepté par la PCF.
Dans les dernières années de sa vie, il publie deux
recueils de mémoires, Du Kremlin au
Cherche-Midi (1933) et La Fin des soviets (1937) où, tout en
restant fidèle à Lénine et sa doctrine, il prend ses distances
vis-à-vis du pouvoir stalinien. Il conjure Rolland de ne pas se laisser
séduire par Staline et dénonce l’activité propagandiste soviétique de
la deuxième épouse de Rolland, Marie, qu’il avait connue dans les
années 20 à Moscou. Démuni, il est de plus en plus isolé et exprime sa
révolte dans des écrits antisémites.
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