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Pierre Jean Jouve
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Dictionnaire Pierre Jean Jouve

Henri Guilbeaux

(1884-1938)

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Homme de lettres et journaliste français, membre du comité de rédaction de la Revue des Lettres et des Arts avec Bazalgette en 1909, il collabore aux Hommes du Jour, à La Bataille syndicaliste, à La Guerre sociale, à L’Effort libre, L’Assiette au beurre et publie en 1913 une Anthologie des lyriques allemands depuis Nietzsche. S’orientant vers le socialisme minoritaire, il fréquente les milieux anarcho-syndicalistes de La Bataille syndicaliste et La Vie ouvrière dans l’entourage de Alfred Rosmer et Pierre Monatte qui, en 1914, refusent l’ « Union sacrée ».

Réformé, il s’installe en Suisse en 1915 où il trouve du travail à l’Agence internationale des Prisonniers de guerre grâce à R. Rolland dont il est l’un des premiers défenseurs en publiant une brochure intitulée, Pour Romain Rolland.

Pacifiste et internationaliste, il crée en 1916 la revue Demain qui publie plusieurs articles de R. Rolland ainsi que Les Temps maudits de M.Martinet.

En avril 1916, Guilbeaux est l’un des deux Français de la Conférence de Zimmerwald. Il entre dans la mouvance de Lénine. En avril 1917, il signe à Berne le protocole relatif au retour de Lénine en Russie – signature lourde de conséquence pour sa vie ultérieure. Compte tenu des événements dans ce pays, Demain se radicalise et incarne le courant « internationaliste » du socialisme qui va aboutir à la IIIe Internationale, l’Internationale communiste en 1919. Révolutionnaire au sein du parti socialiste, Guilbeaux devient correspondant officiel de la Pravda à partir de l’été 1917. Demain, interdit en France, est une publication hostile à cause de son implication avec les bolcheviks. Suite à une instruction ouverte contre lui, il est accusé en février 1918 d’ « intelligence avec l’ennemi », de pangermanisme et de défaitisme puisqu’il aurait acceptée de l’argent allemand, ce qui aurait été d’ailleurs parfaitement légal en Suisse neutre. Traître aux yeux des autorités françaises, il est arrêté en juillet par la Sûreté genevoise pour atteinte à la neutralité suisse, mais le parquet fédéral le blanchit du reproche de financement par l’ennemi. Remis en liberté, il est à nouveau arrêté en novembre, cette fois-ci sous la pression sur la Suisse de l’Entente qui l’accuse de fomenter une révolution en France (Guilbeaux était désigné comme «futur Lénine français » par le 2e bureau français). Condamné à la peine de mort par contumace l’année suivante, à la suite de la Grève Générale, il est finalement expulsé de Suisse vers la Russie via l’Allemagne et échappe ainsi à la condamnation à mort décidée à Paris par le 3e conseil de Guerre.

Le lendemain de son arrivée à Moscou, le 5 mars 1919, il prend la parole – sur la demande de Lénine – au Congrès de fondation de l’Internationale Communiste. Isolé à Moscou après la mort de Lénine, son protecteur, il se replie sur Berlin comme correspondant de L’Humanité. Ce journal lui ôte son emploi et refuse même de lui payer ses indemnités à la suite de son expulsion du PCF. Une campagne contre l’injustice faite à Guilbeaux est menée par Les Humbles et par le « Comité pour le retour en France d’Henri Guilbeaux », crée par Maurice Wullens et soutenu par R. Rolland.

Guilbeaux rentre en France en août 1932 pour se constituer prisonnier où un non-lieu est prononcé après le retrait par le gouvernement de son accusation (un acquittement de « deuxième classe ») . Même s’il veut profiter du changement de stratégie de l’Internationale communiste, qui désormais veut lutter sur un front commun anti-fasciste, il ne sera plus jamais accepté par la PCF.

Dans les dernières années de sa vie, il publie deux recueils de mémoires, Du Kremlin au Cherche-Midi (1933) et La Fin des soviets (1937) où, tout en restant fidèle à Lénine et sa doctrine, il prend ses distances vis-à-vis du pouvoir stalinien. Il conjure Rolland de ne pas se laisser séduire par Staline et dénonce l’activité propagandiste soviétique de la deuxième épouse de Rolland, Marie, qu’il avait connue dans les années 20 à Moscou. Démuni, il est de plus en plus isolé et exprime sa révolte dans des écrits antisémites.

Roland Roudil





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Notice de Roland Roudil

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Sous la Responsabilité de Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert

Première mise en ligne : 19 septembre 2012