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Hommages et Créations


Mario Villani- Femme au damier

Sophie Loizeau

Marie-Claire Bancquart et la Souveraineté du désir

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Septembre 2007

   L’élan très sûrement c’est être soi-même, dans la possibilité d’écrire à partir du surgissement des émois que procure le plus étroit (l’intime) comme le plus grandiose – le plus intime étant requis chez Marie-Claire Bancquart de préférence au grandiose à cause de sa dimension humaine et de la spontanéité du rapport, sa proximité.  Une attention des sens à la nature, au goûteux (fruits, nourriture), aux qualités de la présence : la communion naturelle, primitive donne la véritable mesure de l’être. Joie profonde à ressentir, à se tendre, à jouir de cela qui nous fait une raison impérieuse de vivre, de poursuivre quand même : plaisirs simples, dit-on, complexes pour de nombreux /ses poètes contemporain /es dont l’accès aux jouissances du corps a du mal à s’écrire sans passer par des dénis, des abstractions, des circonvolutions de la langue, rien du don finalement, et de la liberté promise à soi-même.

   Chez Marie-Claire Bancquart le corps est convoqué naturellement, comme allant de soi. S’écrit comme corps désirant, non douteux, ni entaché ni rien de tout ceci du péché, simplement digne de respect et d’amour, c’est-à-dire souverain et mortel. Il y a chez elle un entretien ininterrompu avec la mort, tout au long de son œuvre, et cet entretien est comme une lumière particulière jetée sur la nécessité d’écrire à partir des sensations du corps.

   Un désir multiple, tendu dans toutes les directions du vivant qui passe très concrètement par la langue elle-même.   

   J’aime ce titre, l’éveil, la vision que produisent ces deux mots liés ensemble : La somptuosité du désir, ce qu’ils apportent de richesse, d’amplitude et de liberté tout à la fois : dans Un blason de corps masculin, quand le désir se concentre, se rassemble autour de l’homme aimé – Aggraver avec des caresses / La nudité d’un corps, – s’approfondit de cette présence masculine ancienne d’une permanence minérale ; la pierre prend le genre symbolique de l’amant, donne l’idée de la sensualité et de la rigueur.

   Comme il va à la rencontre du monde et l’éprouve, le désir rencontre l’autre, le tu, le toi, lequel peut signifier dans une belle ambiguïté la poète soi-même, s’adressant à sa propre chair au cours d’un de ses dédoublements dont elle est coutumière : cette intimité avec soi relevant moins de l’amour propre que de la compassion et de la tendresse pour ce corps familier, faillible et pour autant prodigue en plaisirs et facilement troublé. La valeur de ces rencontres, de ces échanges importe beaucoup. 

   Une sensualité qui, selon Marie-Claire Bancquart, est au cœur de la nature du poète : celle qui écrit, celle qui crée a dû choisir plus nettement, de manière plus décisive en passant par-dessus les lois insidieuses et immuables qui tiennent les femmes, a osé sortir le tréfonds du puits intérieur et l’a amené à la lumière. Elle dit encore : qui bride son désir, le bride en toutes choses : sexualité, caresses des objets, joies artistiques. Elle s’est autorisée à désirer, à écrire. Ses livres sont les témoignages émerveillés, douloureux, parfois tragiques de ses expériences sensibles.

   Non seulement Marie-Claire Bancquart réussit cette écriture du corps si difficile, mais plus révolutionnaire elle ose écrire depuis son âge mûr, depuis sa maturité de femme sur son désir sexuel. Voilà qui ne devrait pas être si exemplaire me direz-vous, des poètes hommes dans leur arrière-saison n’ont-ils pas écrit sur le leur ? Oui, parce qu’ils sont hommes, qu’ils l’avaient admis pour eux seuls, ayant toujours été leur propre étalon (si je puis dire) en matière d’écriture de la sexualité.

   Du désir, le grave et le profond participent, du désir jusque dans la mort comme compagnie plutôt moins atroce pour qui a son corps accoutumé aux affres et sa pensée tournée aussi vers les morts aimés et les mortes aimées, vers la terre, dernier lieu de la chair tant émue, la terre à son image.

Mario Villani- Femme au damier  © 2013, Sophie Loizeau - Tous droits réservés pour les textes ainsi que pour les tableaux de Mario Villani
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Librairie Tschann - 25 février 2013 - Marie-Claire Bancquart, Béatrice Bonhomme, Aude Préta-de Beaufort
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Béatrice Bonhomme, Aude Préta-de Beaufort et Jacques Moulin (ed.) présentent

Dans le feuilletage de la terre,

sur l'oeuvre poétique de Marie-Claire Bancquart, Peter Lang éditeur (2013)

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