Lectures de Pierre Jean Jouve Jeunes Chercheurs |
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Léa Coscioli |
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Jouve et le rythme de
l'absence-présence
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Le thème du corps chez Jouve | S’interroger sur la notion de rythme dans la poésie de Jouve
appelle nécessairement une réflexion sur le thème du corps. Car son œuvre met à
nu un rapport intrinsèque entre l’acte d’écriture poétique et le corps féminin. C’est ce que met en scène de manière inaugurale le roman Dans
les années profondes, montrant comment l’écriture s’érige sur l’absence de
la femme. Ce processus est développé et abouti dans le recueil MC.
Jouve explicite à travers ces deux ouvrages consécutifs comment la création
poétique se conditionne d’une mort symbolique, laquelle est représentée par la
disparition du personnage féminin Hélène….
C’est ce que met en scène de manière
inaugurale
le roman Dans les années profondes, montrant
comment l’écriture s’érige
sur l’absence de la femme. Ce processus est
développé et abouti dans le
recueil Matière céleste. Jouve explicite à travers
ces deux ouvrages
consécutifs comment la création poétique se conditionne d’une mort
symbolique,
laquelle est représentée par la disparition du personnage féminin
Hélène.
L’écrivain met en scène le trajet menant de l’absence à la présence des
mots et
la possibilité alors ouverte de recréer le corps aimé à travers eux.
Cette
recréation du corps s’avère particulièrement sensible dans Matière
céleste,
ouvrage regorgeant de détails charnels très réalistes. Mais il est
important
d’avoir à l’esprit que ces réminiscences figurent en réalité l’acte
sublimatoire abouti, et qu’elles représentent le corps de la
femme-poésie. Il importe également de
saisir que cette mort symbolique de la femme est l’incarnation de
l’instinct de
mort à l’œuvre. Par là, Jouve rend apparent le lien intrinsèque nouant
mort et
vie. Il pointe la consubstantialité des deux instincts primordiaux,
montrant
comment la mort éprouvée conduit à la naissance du corps de l’œuvre.
Ce jeu entre l'absence du corps et sa présence transfigurée concerne la globalité de l'oeuvre. Car il
semble que
Jouve ne cesse de revenir vers cette mort fondatrice. Cette dernière
devient en
quelque sorte un « sésame créateur », un retour aux
origines
permettant un renouvellement constant de l’acte d’écriture. |
Autour du rythme | Dès lors, j’en suis venue à
m’interroger sur l’impact de ce processus sur le plan rythmique de
l’œuvre.
Certaines questions sont naturellement apparues : est-ce que
l’écriture
porte la trace de l’absence ? Comment la présence des mots
est-elle
marquée rythmiquement ? En définitive, ce sujet m’a semblé
ouvrir la
possibilité d’une recherche novatrice, celle de l’entreprise d’un
travail
stylistique jusqu’ici très peu abordé chez Jouve. J’ai ressenti la nécessité
d’entreprendre un travail sur le rythme, afin de cerner au plus près le
réel de
cette notion. Il était essentiel pour moi
de saisir avec précision ce qu’englobait une étude de rythme, ceci afin
de
délimiter mon champ de recherches stylistiques. Ce travail s’avérait
donc
indispensable, en visant à répondre à un questionnement qui s’était
d’emblée
ouvert, et qui se formulait ainsi : « Un travail sur
le rythme se
limite-t-il à une étude accentuelle, quels paramètres dois-je prendre
en
compte ? ». Au fil de mes recherches, mon
interrogation de départ a
pu être clarifiée. Il est vrai que j’aurais pu
limiter mon étude à la dimension purement technique du rythme en
poésie. Cela
aurait suffi à la bonne marche de mon travail stylistique. Mais j’ai
choisi
d’élargir ma recherche en suivant une perspective plus générale, celle
de
l’exploration des grandes lignes de l’évolution historique de la notion
de
rythme. Cette orientation, même si elle peut apparaître comme une
digression, s’avérait
indispensable pour
moi, dans la mesure où elle répondait à un besoin précis, celui généré
par mon
propre positionnement conceptuel. Je me suis sentie concernée par le
flou
définitionnel entourant le rythme, celui qu’évoque Henri Meschonnic
dans son
ouvrage Critique du rythme, anthropologie historique du
langage. Dès
lors, j’ai désiré approfondir cette perspective historique en suivant
les
principales étapes livrées par Meschonnic. Ce parcours m’a donc servi,
en même
temps qu’il dénudait et rendait caduques certaines idées reçues, à
déblayer mes
propres opinions toutes faites, et à en comprendre l’origine. Et
j’espère que
ce parcours aidera aussi les futurs étudiants intéressés par le rythme
chez
Jouve, et qui seront amenés à lire ma thèse. Ma vision a évolué d’une
perspective binaire (fidèle à toute une tradition) à une perspective
plus
unitaire du rythme. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce
changement s’est illustré par une modification progressive du titre de
ma thèse
(celle-ci, qui évoquait à l’origine un rythme entre absence et
présence, est devenue
rythme de l’absence-présence). En outre, ce détour
historique m’a permis de satisfaire un intérêt personnel et un souci
didactique, car je trouve qu’il est toujours fascinant d’explorer notre
intégration dans l’histoire, et de voir de quelle manière nos
conceptions ont
été de longue date façonnées. La conception Meschonicienne
du rythme a mis au jour deux paramètres fondamentaux : tout
d’abord, le
rythme d’un texte se spécifie d’être une activité de langage. Puis le
rythme
est lié à la « signifiance » (le sens en tant que
sensuellement
produit). Tout ceci a éclairé alors les relations entre le rythme d’un
texte et
le corps du sujet écrivant. J’ai compris que le rythme
était loin de se limiter à une notion formelle, et qu’il engageait bien
au
contraire de multiples réalités (le corps, l’inconscient…) À partir de cette compréhension
nouvelle, une résonance très forte avec
le processus à l’œuvre chez Jouve s’est établie, et une articulation a
émergé. Car il apparaît que Jouve,
avec le récit d’Hélène, opère une mise en scène du rôle pulsionnel qui
sous-tend l’acte d’écriture. Ce dernier est acte sublimatoire, trouvant
son
origine dans la mort et le manque. Jouve montre qu’écrire est mouvement
du
désir, et que l’écrivain engage son corps. Dès lors, le jeu complexe
des corps
apparaît. Si l’écrivain engage son corps, c’est dans un corps à corps
avec le
corps de la mère, relation d’amour sublimée en corps à corps symbolique
avec
l’œuvre écrite. M'est apparue alors l'inclusion complète du rythme
dans le rapport entre corps et écriture, son insertion naturelle.
Et il
me semble que cette réalité ne peut qu’échapper lorsque l’on se limite
à une
compréhension formelle du rythme. De plus, l’une des
originalités jouviennes réside précisément dans cette mise en scène des
fondements de l’écriture : le trajet menant de l’absence du
corps à sa
présence transmuée en présence des mots est ainsi explicite. Il y a un
réel
affirmé chez Jouve, celui du rapport entre corps et écriture, donc
entre corps
et rythme.
Dès
lors, ma problématique s’est vue
considérablement enrichie :
l’étude de rythme
certes consisterait dans le repérage des marques stylistiques de
l’absence et
de la présence. Mais avant cela, et en accord me semblait-il avec le
réel à
l’œuvre, il me fallait détailler la complexité du jeu des corps. |
Présence du corps |
De ce fait, j’ai jugé
important d’explorer la présence du corps, et ce dans ses différents
niveaux. Je me suis en premier lieu
permis un long détour par les théories psychanalytiques. Il m’a semblé
pouvoir
se justifier par l’intérêt avéré de Jouve envers ce champ de pensée,
ainsi que
par la tonalité fortement psychanalytique du thème d’Hélène. Cet approfondissement
théorique est dû également à mon lien très fort à la psychanalyse. Lien
que je
dois à Jouve lui-même. C’est en effet la rencontre avec l’univers
jouvien qui
m’a menée à m’intéresser à la psychanalyse, domaine que je ne cesse
depuis de
travailler, d’approfondir. Je suis (en parallèle à mes études de
thèse), depuis
quatre ans une formation au Collège clinique lacanien (affilié à
l’Ecole de
Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien). Au vu de cette
« immersion », ma perception de l’écriture ― en tant
que celle-ci est
acte de langage ― s’est vue progressivement orientée, modifiée. Un
éclairage
nouveau de la poésie jouvienne est peu à peu devenu évident à mes yeux.
Il m’a semblé que la
relation au langage telle que j’étais amenée à la lire chez Jouve
trouvait à
s’inscrire dans une vision très proche du lacanisme. Car une double-valeur
attribuée aux mots semble en effet nettement décelable, ces derniers
apparaissant à la fois mortifères et récupérateurs de jouissance. Et
cette
bascule vers le rôle actif, celui d’un langage meurtrier, a ouvert pour
moi une
nouvelle approche. Cette lecture se justifie me semble-t-il par
certains vers
très explicites, ainsi que par des procédés de style spécifiques (comme
les stratégies
d’enchevêtrements…). J’ai donc choisi d’envisager
de manière originale le drame d’Hélène tel que le fait se dérouler le
roman Dans
les années profondes, en montrant la possibilité de voir dans
la mort
d’Hélène une représentation du caractère mortifère de l’entrée dans le
symbolique. |
Ceci se présente avant tout
comme un choix personnel. Cet angle d’approche m’a semblé valide. Il
m’a paru
ouvrir une perspective originale dans l’appréhension de l’œuvre
jouvienne, en
révélant une certaine modernité du poète quant à sa conception des
enjeux
impliqués par le langage. En outre, en me penchant
ensuite dans le détail de la vie de Jouve pour chercher si certains
éléments
pouvaient appuyer ma lecture, je me suis aperçu de l’existence de
certains faits
intéressants, montrant que ces rapprochements entre Jouve et la pensée
lacanienne n’apparaissaient pas dénués de tout fondement biographique,
et
qu’ils s’avéraient ouvrir certains questionnements. Dans cette optique
lacanienne, j’ai choisi de travailler sur la jouissance du langage,
dont le
présupposé est à situer dans la relation entre corps et langage telle
que la
conçoit la psychanalyse. J’ai souhaité ensuite
consacrer une partie au phénomène de la sublimation, qui est
explicitement à
l’œuvre chez Jouve, notamment dans le recueil Matière céleste.
En outre,
il m’a semblé que la banalisation en vigueur de ce concept justifiait
que l’on
revienne sur ses fondements théoriques. Cette incursion a d’ailleurs
révélé des
difficultés théoriques, et a montré que le concept de sublimation
mettait
encore au travail. |
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J’ai tenté ensuite
d’effectuer un repérage au plus près du texte afin de montrer les
différents
niveaux de la présence du corps dans la poésie.
Le corps est apparu comme
pivot du cheminement sublimatoire. Dans ce processus se lit la
multiplicité du
corps : corps mort de la femme recomposé au travers des mots
dans le réel
de ses détails, mais aussi corps fantasmatique de l’auteur se dévoilant
dans
des réseaux d’images renvoyant directement à la psychanalyse. Tout ceci
pointe
comment la sublimation est dépassement et transformation du but
primordial ― la
possession incestueuse du corps de la mère ―, et comment ce rapport à
l’autre
implique le corps pulsionnel du sujet, saisissable dans les scénarios
des
complexes et fantasmes. C’est tout ce matériel complexe qui est
ressaisi à
travers l’acte poétique. Parvenu à ce point, la vision s’apaise,
s’éclaircit.
Les images sombres s’espacent, laissant place à un grand corps naturel,
à un
grand corps de mots. Le corps à corps primitif fantasmé se transmue en
corps à
corps symbolique entre le poète et la femme-poésie. |
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Pour une approche deleuzienne | Dans ma troisième partie,
j’ai opté pour une perspective de lecture philosophique, en m’essayant
à une
approche deleuzienne. Cette approche peut sembler osée, dans la mesure
où
Deleuze s’est éloigné de la psychanalyse. Mais cette perspective
contrastée m’a
semblé intéressante car elle permettait de montrer différentes facettes
de
l’œuvre. Cette lecture deleuzienne m’
a semblé pouvoir se justifier par l’intermédiaire de Mallarmé, figure
importante tant pour Jouve que pour Deleuze. Deleuze a beaucoup écrit
sur
Mallarmé (Nietzsche et la philosophie, puis Le
pli. Leibniz et le
baroque). Comme le suggère Arnaud Villani dans sa remarquable
étude sur le
pli Mallarméen (Mallarmé selon le pli deleuzien), on
retrouve chez
Deleuze de nombreux thèmes mallarméens (dépersonnalisation,
poète-araignée ou
pensée-corps). Arnaud Villani émet l’hypothèse suivante :
Deleuze aurait
peut-être trouvé dans l’œuvre mallarméenne « des
points d’appui
décisifs » à l’élaboration de certains de ses
concepts. Le pli se caractérise d’être
une philosophie de l’immanence. Il est une nouvelle définition du
réel :
ce dernier est formé de virtualités, bien réelles mais non actuelles.
Le pli
appréhende l’être comme un devenir constant issu du jeu entre virtuel
et
actuel, deux pôles d’un même élan vital. Il est une conception touchant
au
Baroque : l’être y est en constant mouvement, entouré d’un
brouillard de
singularités. Or le Baroque est aussi une des caractéristiques de
l’esthétique
jouvienne. Cette hypothèse trouve une certaine confirmation dans le
désir de
Christiane Blot-Labarrère de consacrer tout un prochain numéro de la
série
Minard à cette présence du baroque chez Jouve. Jouve, Mallarmé et Deleuze
se rejoignent notamment autour de deux aspects majeurs inhérents au
concept du
pli : celle d’une pensée inséparée (cf Baroque, lien
macrocosme-microcosme) et celle d’une vision existentielle
commune :
l’être est brouillard, brisure. Mais de ce chaos émerge un devenir. Cette opération, qui se
définit d’être passage du réel-virtuel au réel-actuel, implique une
opération
de virtualisation, laquelle s’avère décelable dans la poésie de Jouve
et de
Mallarmé. Comme l’écrit Arnaud Villani, Mallarmé découvre et traverse « le
rien qui est la vérité…le Beau qui est inséparable de
l’absence ». Jouve
quant à lui œuvre avec la mort, l’absence, pour parvenir au devenir de
la vie
des mots. Les deux poètes se rejoignent, pour reprendre les termes de
Jouve,
dans la quête d’un « effort transcendant dans le
langage ».
Transcendant et immanent formant
un constant
va-et-vient dans les poésies mallarméenne et jouvienne. Cet angle d’approche m’a
paru un réel prolongement du travail effectué jusqu’à présent. Il m’a
permis
d’élargir le champ psychanalytique, et d’éviter d’adopter une vision
trop
restrictive et unilatérale de l’œuvre jouvienne. Il était à mon avis
essentiel
de rappeler que la découverte psychanalytique est avant tout au service
de l’ontologie
très forte de Pierre Jean Jouve, et qu’elle ouvre à une conception
reconnaissant l’immanence du mouvement spirituel. |
Le rythme de l’absence-présence |
J’ai choisi de terminer mon
travail par l’étude stylistique inhérente à mon sujet. C’est au fil de mes
différentes recherches que s’est ancrée la validité de ce qui n’était
au début
qu’une interrogation, à savoir l’existence chez Jouve d’un véritable rythme de
l’absence-présence. Car
rarement me semble-t-il une poésie a laissé transparaître à ce point le
travail
de la mort. La mort œuvre chez Jouve dans les ruptures. J’ai choisi
d’envisager
cette rupture selon deux axes. J’ai exploré en premier lieu une rupture
de
fond. Car, au fil de mes études stylistiques, il m’a semblé que la
poésie de
Jouve, moderne sans aucun doute, laissait néanmoins transparaître
certaines
traces-types de la tradition poétique (comme le maintien de
l’alexandrin et du
sonnet). La présence de ses traces m’a paru un moyen de rendre
apparentes les
distorsions opérées quand au code traditionnel. Distorsions qui ne sont
à mon
avis aucunement au service de la métrique, mais qui marquent au
contraire de
manière originale la modernité jouvienne, en s’intégrant à une subtile
mais
néanmoins réelle stratégie de rupture ou encore de variation, de
vibration.
J’ai choisi ensuite d’étudier les phénomènes produisant un effet de
rupture
plus nette, comme l’enjambement, l’ellipse, les contrepoints lexicaux
et autres
phénomènes étudiés. J’ai voulu montrer ainsi que
la mort imprime sa marque de bout en bout, qu’elle est l’origine des
mots, leur
limite aussi. Et cette absence si palpable intensifie d’autant plus la
présence
des mots. Elle est leur vérité, ce qui finalement leur confère leur
réalité,
cette présence qui irradie : les mots sonnent, dissonent
aussi,
s’accumulent, s’enchevêtrent, se répètent. S’élève alors cette musique
si
particulière, celle du chant jouvien. Je tiens ici à préciser que
je n’ai pas tenu à approfondir la dimension musicale. Il me semble tout
d’abord
que cela a déjà été fait, notamment par Michèle Finck et Béatrice
Bonhomme. En
outre, mes connaissances restreintes en musicologie ne m’auraient pas
permis, à
moins d’une somme de travail conséquente, d’étudier à leur juste mesure
les
différentes influences musicales présentes chez Jouve, notamment celle
de la
musique atonale, dont la complexité est bien connue. De ce fait, j’ai
jugé plus
utile de me consacrer à une étude purement stylistique, et d’évoquer la
musique
en tant que celle-ci est une visée globale de la poétique
jouvienne : elle
est ce mouvement ascendant qui rassemble les contradictions sans les
abolir,
contient les passions, l’amour lié à la mort, et qui ouvre à une
réalité autre,
inconnue. Cela me fait penser à ces paroles de Jouve extraites de Beauté, dans Proses :
« Il
n’est de vie possible que verticalement, en dehors, par un assemblage
de sons,
de couleurs et de mots » (232). |
Pour conclure, je dirai que c’est modestement et avec mes moyens que j’ai tenté de travailler un champ jusqu’ici peu abordé. Et ce que j’y ai découvert est une poésie au souffle remarquable : une poésie qui assume son origine, une poésie du corps transformant la mort en grand chant de vie. | |
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Site « Pierre Jean Jouve » Sous la responsabilité de Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert Ce texte © Léa Coscioli Mise à Jour du 20 octobre 2009 |
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