Site
Pierre Jean Jouve
|
|||
Le nom des Jouve |
|||
Retour à la page d'accueil des Notes éparses |
par Barbara Wahl |
||
Le
nom des Jouve a résonné bien souvent dans mon enfance, plus souvent que
d’autres et sur une intonation particulière ; Pierre Jean Jouve était
aussi souvent nommé que Gabriel Marcel, que nous voyions chez nous de
temps à autre, pourtant je n’ai jamais vu Jouve aux côtés de mon père. |
|||
L’on ne peut trop se fier à des souvenirs si lointains, c’est pourquoi je demande à mes lecteurs de soumettre au doute ce que j’en dis, ce sont de simples images remontées du fond de l’enfance. |
|||
Blanche,
dans les années soixante était une dame aux cheveux d’une blancheur
éclatante, lumineuse et frappante aux yeux d’une enfant. Mais ce que
j’entends encore, à l’évocation de son nom, c’est le son de sa voix,
remarquable, modulée, élégante ; chacune de ses phrases en venait à
prendre de la solennité. Je ne sais quelle était la teneur de ses
conversations avec ma mère, à l’exception de l’une d’entre elles dont
j’ai un souvenir plus précis, en 1968 : j’avais alors dix-sept ans et
je m’intéressais fortement à l’œuvre de Freud si bien que ma mère
m’appela lors d’une de ces rares visites, lui fit part de cet intérêt,
de mes lectures et d’éventuelles futures études ; Blanche m’invita à
venir la voir dans son bureau pour que nous en parlions. Je ne
comprends pas pourquoi, je n’y suis pas allée. Intimidée, sans doute ;
cela m’échappe complètement, aujourd’hui, et nourrit un regret. |
|||
Les noms de Pierre Jean, Marcelle, Blanche et Jean se sont croisés une dernière fois, forgeant le dernier souvenir, le plus précis, le plus présent, à cause de la proximité de la mort de mon père, en juin 1974. C’était en janvier 1974, à l’annonce du décès de Blanche ; mon père ne voyant guère plus ne pouvait écrire lui-même et me dicta la lettre qu’il voulait envoyer à son ami. Je ne l’ai jamais relue depuis mais je me souviens encore du début que je cite de mémoire et de manière sans doute approximative : « Blanche a été pour vous ce que Béatrice a été pour Dante et ce que Marcelle a été pour moi, peut-être… ». Je me rappelle le sourire un peu malicieux qui a accompagné la
pause précédant le « peut-être » ainsi que l’expression quelque peu
perplexe de ma mère qui, à la virgule suivant les mots «ce que
Marcelle a été pour moi» a vu s’atténuer subitement ce qui semblait
être une déclaration triomphale ; mon père aimait à doser ainsi ce qui
lui paraissait trop catégorique. |
|||
Á mon départ, cette année-là, il me conseilla une lecture : « tu devrais lire Paulina 1880 ».
|
|||
Barbara Wahl - 10 avril 2012 |
|||
Haut de la page | |||
Retour à la page d'accueil des Notes éparses | |||
|
|||
Retour à la Page d'Accueil du Site |
© 2012, Barbara Wahl - Tous droits réservés. Site « Pierre Jean Jouve » Sous la responsabilité de Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert Dernière mise à jour : 11 avril 2012 |