Site Pierre Jean Jouve
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Juvenilia
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Textes recueillis par Mikaël Lugan |
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Lecteurs du jeune Jouve |
Jouve
a renié ses œuvres publiées avant 1925. Il avait pourtant beaucoup
publié, en revues et en volumes. Il avait été lu et avait reçu
l'accueil d'un vrai public. Dans des revues étaient parues des
critiques sur ces œuvres qui furent interdites de rééditions. Nous donnons ici des témoignages de l'accueil des livres du jeune Jouve par ordre chronologique de publication des œuvres. Nous respectons les formes des noms propres donnés par les revues, sans les faire suivre du traditionnel (sic). |
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Voir aussi | Juvenilia (Deuxième Série), Jouve par Alexandre Mercereau, textes recueillis par Mikaël Lugan | ||
1910 | Les Muses romaines et florentines (A. Messein) | ||
MERCURE DE FRANCE (dir. : Alfred Vallette) T. LXXXVIII - n°324 - 16 décembre 1910 Les Poèmes | A Rome, en sortant de la Chapelle Sixtine, M. Pierre Jouve « embrassa d’un seul regard sa vie nouvelle et son esprit désormais réglé par lui-même » ; il dut, « à ce monument du génie humain de s’être senti, dans une seule minute, plein de passion et de clarté tout ensemble ». Par delà la Renaissance italienne, qui lui avait ouvert l’accès d’un monde magnifique, il remonta le fleuve des jours jusqu’aux sources helléniques, disciple ensemble de Boileau et de Pindare, de Michel-Ange et de Phidias, de M. Emile Verhaeren, de Jean Moréas et d’Emmanuel Signoret ; il a l’ambition de restaurer sous la norme d'un ordre inviolable la fureur divine des lyriques primitifs. Mais il n’aurait pas été frappé par la révélation romaine et florentine, s’il n’avait, dès longtemps, été nourri de l’œuvre d’Emmanuel Signoret ; il en avait goûté la fougueuse ordonnance et le sage tumulte ; il apporte à son maître d’élection un juste tribut d’hommages et quand il composera des poèmes d’un accent plus personnel, il pourra ne pas renier les strophes inspirées par le souvenir de son œuvre : Si tu n’as pas tremblé dans ce Temple terrible, Si l’antique fureur des trompes de l’Eté Dont s'enfle l'horizon ne t’a trouvé sensible ; Si du mont dont Moïse emplit l’aridité Ou bien du Parthénon dans l’azur immuable Tu n’as cru posséder les déserts admirables ; Si l’émotion n’a pas enivré ton esprit Avec le chœur nombreux de ses ondes superbes, Quand pour toi la splendeur de la voûte s’ouvrait, De figures gonflée, comme une énorme gerbe ; Si tu n’as pas brandi, lyre tonnant en toi, Ta pensée vers la Forme offerte à ton étreinte, Alors ce dur Esprit ne t’impose sa loi Qui voit naître son chant formé à son empreinte. Sans
doute, le Chant des Trompettes d’Eté emplit toujours nos oreilles
reconnaissantes : l’écho même en est ici fidèle ; mais nous voudrions,
plus tard, ouïr M. Paul-Jean Jouve et nous désirerions qu’ayant accepté
les leçons les plus conformes à son propre génie il se présentât en sa
nue simplicité, sans être couvert par les ombres protectrices des
demi-dieux qu'il évoque. Pierre Quillard | ||
1911 | Les Ordres qui changent (Figuière) | ||
LE DIVAN (dir. : Henri Martineau) 3e année - n°24 - septembre [?] 1911 « Les Chroniques : Les Poèmes » | M.
Pierre-Jean Jouve, artiste original, analyse avec minutie la suite des
hallucinations que lui cause l’éther. Son tableau a sans doute de
grandes qualités cliniques d’exactitude et de nouveauté. La science y
glanera peut-être ; mais je cherche en vain, en dépit des dons imagés
de l’auteur, ce qu’y gagne la poésie. H[enri]. M[artineau]. | ||
1911 | La Rencontre dans le carrefour (Figuière). | ||
MERCURE DE FRANCE (dir. : Alfred Vallette) T. XCII - n°340 - 16 août 1911 Les Romans | La Rencontre dans le carrefour, par Pierre-Jean Jouve. S’il est dur de combattre avec son cœur, il doit être bien plus dur de se battre contre le bon sens. J’ai en vain cherché la raison de la cruauté de ce jeune homme vis-à-vis de cette jolie personne passionnée ; le cœur avec lequel on combat a probablement, plus que l’autre, des raisons qu’on ne connaît pas, mais il me semble que la volonté d’être un Monsieur très fort, s’associant aux gestes de la ville, c’est-à-dire voulant une place dans cette même ville, ne suffit pas à prendre le droit de rayer une créature de la trop petite foule des heureux de ce monde. « Pauvre amoureuse ! s’écrie-t-il, je n’ai pour elle aucune haine ! » Il ne manquerait plus que cela à ce petit marquis de Sade de l’intellectualité. Je sais que les jeunes filles bien sages qui viennent du fond de la province n’ont pas la ruse coutumière des Parisiennes pour éconduire le suiveur et qu’elles sont, en général, habillées d’une manière assez ridicule ; pourtant ce ne sont pas des filles, elles sont plus proches de la femme vraie que les vraies Parisiennes qui sont essentiellement courtisanes, à vendre ou à louer. Cette Claire Dernault devient, entre les mains de ce virtuose, la pauvre demi-vierge dont on parle dans les demi-salons, mais elle n’a pas la vocation, elle est ce qu’il veut la faire et elle rêverait encore plus d’un mari que d’un amant si rempli de tendres réticences. Donc, cette Claire Dernault, provinciale, jusqu'à un certain point naïve, n’est nullement coupable. Ce monsieur Santelier la débauche, la sacrifie à ses expériences personnelles et s’en tire en déclarant qu’il n’a aucune haine pour la pauvre amoureuse. Moi, le spectateur indifférent, encore beaucoup plus indifférent que lui, je trouve sa victime très supérieure à lui. Elle a vécu selon son absolu, n’a rien à se reprocher sinon d’avoir mal placé son premier amour et, en somme, si elle vivait en Angleterre, elle aurait peut-être le droit de réclamer le prix de… son innocence cérébrale. Maintenant, le roman est intéressant, psychologique à souhait et coupeur de fil en quatre. L’auteur était libre de choisir ce sujet de la provinciale pervertie par un provincial très amateur de la ville (Rome, Paris, ou tout autre grand centre d’exploitation… artistique), il était libre surtout de ne pas finir son histoire par le banal dénouement du mariage. Ce que je redoute, moi, c’est le littérateur qui va sortir de ce héros de roman… Pourvu que (Claire mariée peut y songer en souriant) que… que… il n’y ait aucune impuissance dans son cas ? Rachilde | ||
LE DIVAN (dir. : Henri Martineau) 3e année - n°25 - octobre [?] 1911 « Les Chroniques : Les Romans » | M. Pierre-Jean Jouve est atteint d’unanimisme. C’est aussi bien porté que la langueur en 1830, ou l’appendicite il y a dix ans. Oui, mais c’est aussi plus intéressant et plus varié. L’auteur nous expose ainsi son idée maîtresse : « Concevoir Paris comme un vaste organisme cellulaire n’est pas seulement inventer une belle image ; c’est toucher à la réalité d’une conscience qui s’élabore au-dessus des hommes, et dont la psychologie serait seulement à définir. » Et c’est une contribution à cette psychologie que M. Jean-Jouve a tentée dans un roman assez artistement fouillé. Mais s’il n’a voulu que préciser l’influence du milieu sur l’âme molle de son héros et la sensibilité impressionnable de son héroïne, pense-t-il que, de Stendhal à M. René Boylesve, nos meilleurs romanciers aient attendu le vocabulaire de M. Jules Romains pour y réussir ! H[enri]. M[artineau]. | ||
PAN Revue libre paraissant tous les mois 5e année - n°3 - mars-avril 1912 Les Livres (p. 254) | Quel dommage que M. Pierre Jean Jouve ait « plaqué » sur son roman des pages unanimistes ; car c'est bien du placage que toutes ses théories qui n’ont rien à voir avec l’action, et y nuisent même beaucoup. Le livre sans cela eût été parfait ; l’étude des deux héros est finement faite, leurs gestes véridiquement notés ; les premiers émois de la chair chez l’amoureuse, qui, sensuelle, refuse cependant de se donner entièrement ; le jeune homme, croyant à une banale aventure, rencontrant une vierge, tout nous prend et nous intéresse. Mais soudain quelques phrases sur l’influence de l’ambiance nous arrêtent et nous déçoivent. Ah ! que cela est factice, artificiel, voulu ; et si purement cérébral, loin de la vie. Le style correct, souple et harmonieux, a lui aussi le même défaut ; des images peu justes nous choquent. Il est à souhaiter que M. Pierre Jean Jouve oublie l’unanimisme et tout son fatras verbal, pour devenir ou plutôt pour se réaliser tel qu’il est, un écrivain de talent. Jean Clary | ||
1912 | Les Aéroplanes ; Figuière et Cie, 2 fr. | ||
MERCURE DE FRANCE (dir. : Alfred Vallette) T. XCV - n°353 - 1er mars 1912 Les Poèmes | L’évolution de P.-J. Jouve donne de la confiance et de l’étonnement. Tenté d’abord par la mystérieuse maîtrise de Mallarmé, il composa, voici quelques années, des vers subtils qui témoignaient déjà d’un sens poétique des plus affinés. En 1910, P.-J. Jouve donna les Muses romaines et florentines, qui affirmaient un retour vers le classicisme de Moréas. Après un silence motivé, ce poète nous a fait lire deux poèmes : les Ordres qui changent et les Aéroplanes, qui nous mettent au fait de décisions vigoureuses et efficaces. J’ai tout lieu de croire que P.-J. Jouve a désormais trouvé son orientation. Les Aéroplanes forment, à mon sens, moins un poème qu’un excellent exercice poétique, quelque chose comme un recueil de croquis pris directement, sur le vif ; les souvenirs qu’un homme garderait d’une journée ardemment tissue d’étonnements et de découvertes. C’est lorsqu’il sera en possession de tout un amas de documents semblables que P.-J. Jouve édifiera avec certitude le poème que nous promettent des dons remarquables et une vive intuition de l’avenir. Il y a des strophes excellentes dans les Aéroplanes ; il y a des notations rudes, brutales, mais significatives. Nous sommes encore assez étonnés par tout ce qu’il y a de neuf dans les émotions de l’aérodrome pour comprendre Jouve lorsqu’il parle si curieusement des aviateurs : Ils existent maintenant dans un autre monde, Celui-là que nous avons toujours désiré, Comme nous désirons, avec nos regards secs, L’eau dans la vitre profonde des aquariums.
Georges Duhamel | ||
VERS ET PROSE (dir. : Paul Fort) T. XXVIII janvier-février-mars 1912 Critiques et Notes Les Poèmes | M. Pierre Jean Jouve ne célèbre point seulement les gloires florentines et les muses romaines. Il est encore sensible à la beauté moderne, à la force intelligente et à l’audace lyrique d’un aéroplane. Il l’en faut louer. Son poème les Aéroplanes chante l’héroïsme d’une mécanique qui sous la main de l’homme bondit et plane dans le ciel. Nos Icares actuels ont trouvé en M. Jouve un chantre digne de leur audace. Tancrède de Visan | ||
1912 | Présences (Georges Crès et Cie, à Paris) | ||
LE DIVAN 43e Année novembre-décembre 1912 Les Chroniques - Les Poèmes | M. P.-J. Jouve conçoit tout différemment la poésie. Certes ses Présences ne se déchiffrent pas toujours avec aisance. Il arrive même que le lecteur s’irrite contre cette méthode délibérément « offensive ». Mais M. Jouve, non plus que ses amis MM. Romains, Duhamel et Arcos, se soucie peu d’un succès facile ; et si la paresse intellectuelle de « l’adversaire » (M. Duhamel nomme ainsi le lecteur innocent) parfois se fatigue et se dérobe, il est juste de reconnaître que la ferme constance de ces écrivains leur donne droit à quelque effort de notre part. Et d’abord nous sommes obligés d’estimer leur beau désintéressement et leur volonté soutenue ; nous ne saurions refuser notre admiration à leur conscience. Il ne s’agit plus là des sanglots à la Musset, de crépuscules nostalgiques et de roses mouillées. Nous passons dans la métaphysique. On nous propose une doctrine. Le monde extérieur n’est plus seulement le cadre traditionnel, et commode pour nos menues émotions. Derrière ses apparences mobiles vivent des âmes. Elles luttent et se mêlent, se « compénètrent », oserais-je dire comme on l’a dit, si ce mot affreux ne m’épouvantait. Ces âmes absorberaient la nôtre, si de lui-même le jeu de notre instinct ne les réduisait. Bientôt nous les contiendrons toutes en nous : En toi pénétrera d’abord le Soleil lourd Qui est une présence immense sur les hommes… Puis tu contiendras des passants aux jambes dures, Une rue qui s’arrache à ses maisons et coule, Des trains qui crient très haut à l’instant de mourir… Déjà nous serons des hommes. Nous pourrons enfin nous « propager dans tous les sens ». Loin de nous diminuer, cette dispersion nous accroîtra. Car tout est Dieu. J’ignore si je résume à contre-sens l’« unanimisme » qu’affirme ce poème. J’avoue l’avoir lu avec une passion parfois satisfaite, car souvent ces images colorées m’ont ouvert de larges fenêtres sur « le monde clair ». Francis Éon. | ||
Journal non identifié Chronique sans doute écrite par Francis Éon | Ces vers sont très intéressants à lire, très instructifs, car on y découvre facilement ce qui constitue l'esprit et le procédé de l'unanimisme. On les lit lentement, attentivement, pour en goûter les images, qui sont recherchées et manquent seulement d'une expression plastique. De ces vers se dégage cette doctrine que tout est une âme, une vie, un dieu. Le poète recherche des relations entre ces "âmes" qui se compénètrent. Il montre par exemple la locomotive dans l'âme de l'enfant qui l'a vue. Cela n'est pas sans rapport avec la peinture cubiste ou la sculpture futuriste. Le poète, pour faire comprendre ces transformations d'âmes les unes par les autres, est amenée à user du vocabulaire de la physique et à faire appel aux notions de densité, de masse, de pesanteur, de force, de dilatation, de fusion, etc... Tel est le mécanisme de la machine poétique de M. Jouve. Il faut livre [sic] son livre si l'on veut savoir si et comment il était possible de la faire fonctionner, avec du talent et de l'imagination." | ||
MERCURE DE FRANCE (dir. : Alfred Vallette) T. XCIX - n°368 - 16 octobre 1912 Les Poèmes | (à compléter) Georges Duhamel | ||
FLAMBERGE Revue Belge de Littérature & de
Sociologie (Mons) 1ère année N°8 – février [?] 1913 Chronique des Poèmes | L’art
de M. P.-J. Jouve est volontairement sec, net, dur, mathématique et
précis. Cet auteur ignore l’émotion, ou plutôt il la contient, il la
refoule, il la soumet à l’analyse, il lui enlève tout ce qui faisait sa
saveur et sa force, il la décompose, il la dissèque, elle n’existe
plus. Sur tous les faits, il prétend exercer le contrôle de son
intelligence. Il n’admet aucun mouvement spontané de l’âme, aucun
instinct trouble de la conscience, aucun obscur émoi du cœur. Il
examine, pèse, juge, mesure, évalue, se repère, assigne à chaque chose
sa limite et le voici très fier en présence de lui-même : il n’a laissé
aucun détail dans l’ombre, l’instant ne peut plus le surprendre, ni
l’événement le troubler, il se connaît entièrement, - mais cela veut-il
dire qu’il se comprenne ? Voici un exemple de cette poésie. Il s’agit de décrire un jardin au matin :La chaleur à la peau ne pèse pas encore ; On la remue avec ses mains, aussi légère, Aussi mouvante et dilatée que la lumière. C’est une qualité qui vit au fond du vent, Qui réunit avec un amour grandissant Le toit moussu, les troncs nus qui tiennent leur branches, Le gazon enflammé et les roses béantes, Et les aiguilles de bois rouge que le pin Laisse tomber dans la densité de son ombre. Sous mon pas naïf un bruit rugueux dans le gravier. Mon corps devient ici la courbe du chemin Taché de clair, entre ses murs de sapin frais ; Et plus loin, la feuillée soumise à la chaleur, Par delà le creux étouffant de la tonnelle Où le soleil pleut dans un bourdonnement d’ailes. Certes
je ne dédaignerai pas un art si nouveau, si curieux, si original et si
personnel. Mais dans quelle mesure, cette œuvre qui n’a plus rien de
poétique puisque le libre jeu des désirs et des rêves, toute ivresse,
toute passion, tout élan, toute exaltation, en un mot tout lyrisme en
est soigneusement exclu, dans quelle mesure cette œuvre nous
concerne-t-elle ? M. P.-J. Jouve nous offre le résultat de ses
expériences, mais elles ne nous intéressent pas, tout au plus
peuvent-elles nous servir d’exemple, encore ne sommes-nous pas certains
d’y arriver aux mêmes conclusions que lui. Il a travaillé pour lui, non
pour nous. Et en somme, nous en sommes réduits à admirer dans ce livre,
la hardiesse et la nouveauté des procédés, ainsi que l’habileté,
l’adresse et la science de celui qui les emploie. Lucien Christophe | ||
VERS ET PROSE (dir. : Paul Fort) T. XXXI octobre-novembre-décembre 1912 Critiques et Notes La Poésie | L’art de M. Jouve est fait d’une série de combinaisons de sensations accouplées dans un rythme intérieur. Le poète voit moins des objets isolés que des ensembles. Par une série de transpositions assez hardies le monde extérieur s’identifie à l’âme du poète, et, d’autres fois, cette âme s’incarne dans les choses et se matérialise. Il y a là un procédé fort curieux, cher à la doctrine unanimiste, et capable d’effets très neufs. Malgré une grande richesse d’images, il faut mettre M. Jouve en garde contre le danger de faire lourd en soudant entre eux des rapports d’idées trop éloignés et en synthétisant brutalement des états psychologiques trop complexes. Ceci dit, je suis tout prêt de reconnaître en M. Jouve un poète plein de formules nouvelles qui nous donnera de beaux vers s’il veut bien filtrer un peu plus ses images et ne pas nous les lancer trop violemment en paquets. Tancrède de Visan | ||
1912 | Les Directions de la Littérature Moderne | ||
VERS ET PROSE (dir. : Paul Fort) T. XXXI octobre-novembre-décembre 1912 Critiques et Notes Echos littéraires | « Les conférences de Charles Vildrac à Londres » Les 4, 7 et 11 novembre dernier, M. Charles Vildrac a fait à Londres, à la « Grafton Galerie » trois conférences sur la poésie française moderne. La première était consacrée à Paul Verlaine ; la seconde intitulée Art et art académique, à Verhaeren, Paul Claudel, Paul Fort, Maeterlinck, Henri de Régnier, Jammes et Moréas ; la troisième à quelques poètes nouveaux : René Arcos, Chennevière, Duhamel, P. J. Jouve, Jules Romains, André Spire. Au cours de chaque conférence des poèmes furent lus par M. Jacques Copeau, le plus merveilleux Lecteur qui soit, et que les lettrés anglais, enchantés, mirent largement à contribution. * Précédemment M. P. J. Jouve avait prononcé, sous le titre : Les Directions de la Littérature Moderne,
une conférence à la Société Académique des Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers. Il parla en termes savants et parfaits des Œuvres de
Verhaeren, Francis Jammes, Paul Fort, Jules Romains, Georges Duhamel et
Charles Vildrac. Mme Blanche Albane, pour les récitations, lui prêta le
concours de son admirable talent. M. C. | ||
1922 | Tragiques, suivi de Voyage sentimental | ||
LA PENSEE FRANCAISE (dir. : Alain Ducreux) Libre organe de propagande nationale et d’expansion française 3e année - n°45 - 24 février 1923 « Bloc-note des Lettres et des Arts : à travers les poèmes » | Tragiques, suivis du Voyage Sentimental par
Pierre-Jean Jouve (Stock édit.) est un livre original et sincère, un
acte de foi, un cri de révolte contre la pitoyable humanité, un cri de
fraternelle sympathie aussi envers ceux qui peinent, souffrent et
exhalent la misère des temps. Il se dégage un âpre réalisme, un
matérialisme amer de ces strophes sombres qui s’insurgent, sont tachées
de boue et de sang, lèvent les relents corrompus de la mort, et les
vomissements immondes de la guerre. Il faut lire Tragiques. Cela
rappelle Baudelaire et Barbusse. Cela empoigne comme l’appel désespéré
d’un supplicié. Cela réveille la clarté des consciences et [lignes
manquantes] jet ; l’œuvre ne s’attardant ni à la rime, ni à la césure ;
mais tellement fouillée, tellement « nue » qu’elle s’impose à
l’attention. Pierre-Jean Jouve, frère littéraire de Noël Garnier, est un de ces poètes dont s’effrayent les bourgeois. Lisez, au hasard : « Il y avait encore un café lépreux Posé en suçoir au bord des casernes, Et que le désert du jardin public Protégeait de nuit perclue sous les gaz. Comme le lieu même horrible et divin Du sexe des femmes. « J’aurais tout donné pour oser ouvrir La porte où filtrait le café-concert, Pour boire des yeux, dans leurs écrins noirs Sentant l’urine et l’amour, Vingt filles bien nues et poilues. « C’était ici l’Apocalypse, Il se tordait en postures, Une larve de baisers Polluait l’humanité ». R[ené]. S[paeth]. | ||
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Les textes cités dans cette page ont été recueillis par Mikaël Lugan | |||
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Site « Pierre Jean Jouve » Sous la responsabilité de Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert Dernière mise à jour : 9 février 2009 |