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Chantal Tanet
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de Lecture
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Laurent Fels Regards sur La poésie du XXe siècle Tome 1 |
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Béatrice BONHOMME et Jean-Paul LOUIS-LAMBERT, “Pierre Jean Jouve : Un itinéraire spirituel ou l’allègement d’une poétique”, dans Regards sur la poésie du XXe siècle, tome 1, textes réunis et présentés par Laurent Fels, Les éditions namuroises, Namur (Belgique). |
Regards sur la poésie du XXe siècle Tome 1 Textes réunis et présentés par Laurent Fels Les éditions namuroises Namur (Belgique) |
Laurent Fels a conçu un vaste projet qui aboutira à la publication de trois forts ouvrages et offrira une vue d’ensemble sur la poésie du XXe siècle. Dans le premier tome, qui rassemble 32 contributions, peu de poètes non francophones sont présents : T.S. Eliot, Nazim Hikmet, Joyce. Ils seront plus nombreux dans les volumes à venir, mais ici c’est la langue française qui a la part principale : Henri Bauchau, Maurice Chappaz, Gaston Miron, Salah Stétié, Beckett, René Char, Du Bouchet, Guillevic, Jaccottet, Michaux, Bernard Noël, Reverdy, Jacques Prévert, Saint-John Perse, Jude Stéfan, etc., - et Pierre Jean Jouve. Dans les limites de leur article, Béatrice Bonhomme et Jean Paul Louis-Lambert ne pouvaient “tout dire”. Ils ont choisi de mettre en évidence trois moments de l’activité d’écriture de Jouve après sa rupture, en 1928, avec son passé littéraire, ses livres déjà publiés, ses amitiés. Ils montrent qu’une partie de la thématique jouvienne existe avant cette rupture, mais à l’état d’esquisse. Elle occupera son espace grâce à Blanche Reverchon qui lui apporte la connaissance de Freud et celle des grand mystiques. Cela même qui lui permettra d’exprimer pleinement ses propres visions. Le premier temps débute avec Sueur de sang (1933) où dominent les motifs du manque et du chaos intérieur, de la sexualité et de l’inconscient, et où « la femme devient le point focal de [l’]œuvre, toute faite d’ombres et de résidus noirs et sanglants ». Avec ce « blé noir » dans sa poésie, Jouve ne séparera plus désormais Éros et Thanatos, auxquels il associe la culpabilité. Il fixe rêves et fantasmes dans de nombreux poèmes où se développe une « imagerie sexuelle » mise en vers ciselés. « Si Jouve part de Freud, sa poésie le transcende et rejoint d’autres sources », notamment l’œuvre de Baudelaire auquel il consacrera un peu plus tard un essai (Tombeau de Baudelaire, 1942). La matière de Freud, donc, mais il ne s’agit pas du tout pour Jouve d’appliquer la théorie psychanalytique à la littérature : « Il a travaillé conjointement psychanalyse, mystique et érotique, tout cela pour faire de la poésie ». La seconde partie de l’étude tourne autour du personnage d’Hélène. Son nom apparaît dès la seconde édition de Sueur de Sang, en 1934. Il est repris ensuite dans les œuvres, le “cycle” s’achevant avec les poèmes de Matière céleste (1936-7). Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert rappellent comment est née cette figure et comment Jouve a transposé le réel dans l’écriture, comment il associe l’amour et la mort dans des poèmes où le lecteur peut lire ici une anagramme dispersée du nom d’Hélène (« Que tu es belle maintenant que tu n’es plus »), là une autre du nom de Blanche. Amour et mort - désir et absence -s’entrelacent dans la poésie comme dans la prose romanesque : « La nature fondamentalement érotique de la femme implique en quelque sorte la mort. L’acte d’écriture apparaît dès lors comme le substitut de l’acte érotique, et seul capable d’atteindre au mythe. La morte est la médiation tacite qui permet l’investissement libidinal du monde et de la langue sans lequel il n’y aurait pas d’écriture ». Le dernier moment de l’itinéraire de Jouve, à partir de 1949 (Diadème), est caractérisé par l’image de Yanick, la prostituée « figure de la fuite ». Une poétique du retrait se constitue, une thématique de l’absence s’impose, en même temps que le motif de la « Chine intérieure », reconnu chez Saint-John Perse et Segalen. À partir de là, les recueils changent profondément de ton, la passion sinon éteinte est neutralisée : « Poésie qui n’est accessible qu’à partir d’un véritable itinéraire intérieur, poésie empreinte de blanc et de neige, qui crée la détente dans l’itinéraire intérieur et poétique jouvien, le vide accueillant en lui tous les mondes possibles. L’expérience émotionnelle est décantée, la conscience reflète d’autant mieux, selon la vieille métaphore de l’eau paisible et du miroir, l’infinie richesse de la vie intérieure. » En analysant les trois temps du parcours poétique et spirituel de Jouve - la violence et la noirceur de Sueur de Sang, la sublimation de Matière céleste, la sérénité des derniers livres -, Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert dégagent dans cette étude la figure complexe d’un poète au parcours rare. Chantal Tanet |
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