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Jean Jouve
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Franck
Venaille
Pierre Jean Jouve L'Homme grave jeanmichelplace/poésie octobre 2004 |
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Excellent concept que celui qui a présidé à la naissance de cette collection anthologique chez l’éditeur Jean Michel Place. Zéno Bianu, directeur de la collection poésie a eu en effet l’idée très forte de demander systématiquement à un poète d’écrire sur un autre poète. Tout l’art, on s’en doute, repose sur le choix des couples ainsi formés. Impossible de les citer tous ici, il y en a déjà plus de vingt, mais j’attirerai l’attention par exemple sur l’André du Bouchet d’Antoine Emaz, le Roberto Juarroz de Michel Camus, le Gherasim Luca d’André Velter, le Sylvia Plath de Valérie Rouzeau … etc. |
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Très beau « couple » bien sûr que celui formé ici par Franck Venaille et Pierre Jean Jouve. |
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Pierre Jean Jouve l’Homme grave, titre Franck Venaille avant de dresser un portrait fouillé, prenant, impressionnant de l’homme et de l’écrivain Jouve « cet esprit lucide et exigeant » qui fut pour lui une « fréquentation ahurissante » alors même que de nombreux points, et notamment les opinions politiques conservatrices de Jouve (et son amitié pour De Gaulle) le séparent de lui. Et de s’interroger en toute lucidité sur ses « rencontres avec Jouve, cette sorte de convive de pierre parfois inhumain ». |
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Loin des anecdotes, à l’écart même du biographique traité simplement en fin de volume, Venaille explore une à une quelques dimensions fondamentales de Jouve, par exemple le reniement en 1928 par le poète de toute son œuvre antérieure « c’est en revendiquant le droit (le devoir plutôt) de souffrance que Jouve, dès lors, existe. Les maîtres mots sont alors Rejet, Reniement, Rupture, Sacrifice auxquels très vite vont se joindre selon la formule qui deviendra célèbre « Inconscient, spiritualité, catastrophe ». L’œuvre est alors entièrement entrée dans sa vraie dimension : « Avec Les noces, Sueur de sang, puis Matière céleste, Jouve, devenu l’autre Jouve, celui de l’aventure intérieure, de la blessure exposée, celui également qui a su faire remonter à la surface sa tendance obscène et mettre en valeur l’instinct, accepte de recevoir l’inconscient dans son œuvre ». Venaille explore aussi les rapports, ô combien importants, de Jouve avec la musique (Jouve qui écrivit si magistralement sur le Don Giovanni de Mozart ou sur Wozzeck). Et se livre enfin à une exploration tout à fait passionnante de la langue de Jouve. En quarante petites pages, ce texte est une superbe introduction à l’œuvre de Jouve et prélude parfaitement aux choix opérés dans l’œuvre poétique par Venaille. Le livre est illustré de photos de Jouve lui-même, prises notamment dans cette Engadine qui lui fut si importante et complété par une biographie et une bibliographie. |
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« Oui, Jouve ne fait qu’écrire cela, l’histoire d’un long conflit entre deux forces dominatrices : la mort et le sexe. " Je vois se détacher sur un fond sanglant mes deux grands besoins : c’est aimer et mourir " » |
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Florence Trocmé |
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