Site Pierre Jean Jouve
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Béatrice Bonhomme Deux livres sur Jouve / Two Books upon Jouve Écrits sur Jouve |
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Bibliographie de Béatrice Bonhomme : écrits sur Pierre Jean Jouve ▼ |
Deux Livres sur Jouve / Two Books upon Jouve par / by Béatrice Bonhomme
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Jeux
de la psychanalyse, initiation, images de la femme dans l’écriture jouvienne |
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Jeux de la psychanalyse, initiation, images de la femme dans l’écriture jouvienne Minard, Paris, 1994 |
La femme constitue chez Jouve ce manque que les psychanalystes s’évertueraient à psychanalyser. Quête perpétuelle, impulsion nécessaire, elle est celle qui, dépassant la psychanalyse pour pénétrer dans l’univers initiatique de l’Amour Sacré, suscite une écriture de l’Eros et de la Mort. En outre, la femme entretient un lien d’équivalence avec l’écriture et ses jeux. Le jeu sacré de l’écriture, c’est un jeu transitionnel entre présence et absence, le texte de Jouve s’installant dans cet entre-deux de la double référence du mot, avec un triomphe du symbole sur le signe, le symbole constituant très précisément cet entre-deux, entre présence et absence. L’écriture est elle-même cette icône de la distance, toujours à l’horizon du texte, toujours reportée plus loin par l’écho du toucher immédiat, icône jamais accaparée, ce qui est le propre de l’icône. Chez Jouve, l’écriture est donc à la fois offerte et indéchiffrable, et c’est en cela qu’elle est jeu, jeu sacré et qu’elle est femme. Le premier chapitre : « Jeux de l’écriture, Psychanalyse et Initiation », étudie tout d’abord les jeux de projection qui induisent dans le roman jouvien une écriture en miroir, un des personnages principaux, « Luc Pascal », donnant par exemple dans Le Monde désert, l’image la plus complète de l’écrivain. Ce procédé est accompagné d’un processus de libre association d’idées, qui sans jamais arriver à l’écriture automatique des surréalistes, permet toutefois de recourir à cette possibilité d’associer entre eux des sentiments, des émotions ou des pensées. Ainsi le personnage du psychanalyste dans Aventures de Catherine Crachat résumera cette méthode comme la plus propre à rendre compte des processus psychiques inconscients. De la même façon, il y a, dans cette création romanesque, valorisation du rêve comme jeu de déguisement, Vagadu devant être regardé, selon les termes de Jouve lui-même, comme « un système de rêves ». Les jeux de régression à travers le personnage de la « Petite X » dans ce roman, parviennent aussi à nous rapprocher de l’événement traumatique infantile. La psychanalyse apparaît donc chez Jouve comme un moyen. Ce n’est pas une fin en soi, et elle ne donne pas lieu à un compte rendu scientifique. Elle intervient dans l’œuvre jouvienne comme une connaissance qui permet d’aller plus en profondeur dans la création et de rejoindre les mythes archaïques de l’initiation et de l’épreuve. Désormais, l’image centrale de l’œuvre jouvienne sera précisément la femme-Hélène, la grande initiatrice, celle qui mène à l’Amour et à la Grande Mort, celle qui fait renaître à travers l’éternité de l’écriture. Le deuxième chapitre : « Les images de la femme dans l’œuvre de Jouve », traverse donc le mythe d’Hélène et la tradition érotique occidentale. Les liens de la femme et de l’écriture sont ainsi mis en exergue à travers l’image de la femme-paysage, de la femme guide, du décor érotique et de la femme initiatrice. Mais l’image de la femme apporte vite avec elle l’érotisme coupable, culpabilité qui ne sera vraiment dépassée que par l’accomplissement dans la mort, Thanatos rejoignant Eros, et permettant le retour à la source lointaine « qui est celle des Mères ». |
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Jeux de la psychanalyse, initiation, images de la femme dans l’écriture jouvienne Minard, Paris, 1994, |
Woman in Jouve’s work constitutes a lack that psychoanylists would endeavour to examine. A perpetual quest, a necessary impulse, she is that presence that, beyond psychoanalysis and entering the initiatory universe of Sacred Love, engenders a writing of Eros and Death. Furthermore, woman maintains a bond of equivalency with writing and its play. The sacred play of writing is a transitional play between presence and absence, Jouve’s text establishing itself in this between place of the word’s double referentialness, a triumph of symbol over sign, symbol constituting most precisely this between place, between presence and absence. Writing is itself the icon of distance, ever at the text’s horizon, ever carried farther off via the echo of immediate touch, an icon never totally graspable, which is its particularity. In Jouve writing is thus offered and indecipherable, and thus is it play, sacred play, and woman. The first chapter, « Writing games, psychoanalysis and initiation », studies firstly the play/games of projection that bring about, in the novel, a mirrored writing, one of the main characters, Luc Pascal, giving for example in Le Monde désert the most complete image of the writer. This technique is accompanied by a process of free association of ideas which, though never becoming surrealist automatic writing, yet allows for a possible association and melding of feelings, emotions and thoughts. In this way the character of the psychoanalyst in Aventures de Catherine Crachat will sum up this method as the most likely to offer an account of unsconscious psychical processes. In the same way, there is in such novelistic creativity a weighting of dream as a play of self-disguise, Vagadu having to be deemed, according to Jouve himself, as ‘a dream system’. The games of regression in the character of ‘Petite X’ in this novel thereby manage to draw us close to infantile traumatic events. Psychoanalysis thus appears in Jouve as a means. It is not an end in itself and it does not give rise to any scientific account. It intervenes in Jouve’s work as a experience that allows for a deeper creative exploration and a linking up with ancient myths of initiation and trial. Thereafter the central image in Jouve’s work will be precisely Hélène, the great initiator, she who will lead to Love and Death, she who will bring rebirth via the eternalness of writing. The second chapter, « Images of woman in Jouve’s work », thus moves through the myth of Hélène and the Western erotic tradition. The links between woman and writing are thus highlighted via the image of woman-as-landscape, woman-as-guide, the erotic décor and woman-as-initiator. But the image of woman immediately implies guilty eroticism, a guilt that will not truly be overcome except through accomplishment in death, Thanatos linking up with Eros and permitting a return to the distant source, ‘which is that of Mothers’. |
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Pierre Jean Jouve ou la quête intérieure |
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Pierre Jean Jouve ou la quête intérieure Paris, Editions Aden, 2008 |
Pierre Jean Jouve ou la quête intérieure, le titre annonce déjà le choix de nous intéresser davantage à l’écriture, au processus de création qu’à l’aventure purement biographique. Ce qui nous semble essentiel, c’est la femme intérieure au poète, la femme en noir baudelairienne, celle du « désir de peindre », celle qui est partie intégrante de l’inconscient du poète. Cela n’empêche pas, dans l’exercice particulier que nous propose cette collection sur les biographies chez Aden, de tisser des réseaux entre la vie et l’écriture. Il est évident que l’événement biographique garde son importance, qui permet à Jouve d’écrire son premier roman Rencontre dans le carrefour où Jean Santelier tient le rôle de l’amoureux et où Claire incarne la figure de la femme aimée et perdue, image qui prendra la force d’une figure obsédante, avant de s’épanouir dans la figure d’Hélène. Ainsi, cette écriture est-elle profondément inspirée par les événements de la vie et par une réalité fondée sur l’expérience vécue, mais l’ensemble de l’histoire, où s’ancre la mémoire de l’écrivain, interfère également avec la création littéraire, chassé-croisé entre vie et fiction qui s’enracine dans un mythe personnel : « Il fallait admettre que j’eusse le mythe en moi-même » (En Miroir), déclaration qui renvoie à un mythe obsédant, aux dépens d’un événement réel. Entre souvenirs dûment avérés et travail de symbolisation, l’écriture jouvienne se déploie, qui fait droit au rêve. C’est aussi pour faire droit à ce rêve jouvien et tenter de mieux le faire comprendre que nous évoquons les grandes dates de la vie, en les liant toujours à des choix intellectuels profondément ancrés dans le réel, mais aussi tributaires de l’imagination et du symbole. Après avoir évoqué une enfance triste et solitaire habitée de musique, une adolescence marquée par l’obsession de l’érotisme et de la culpabilité, nous retraçons les grandes lignes de l’engagement jouvien et la première œuvre (1909-1920), œuvre reniée, constituée de textes unanimistes et pacifistes, écrits sous l’influence de sa première femme Andrée Charpentier, agrégée d’Histoire, et de proches amis, Jules Romains, Jean-Richard Bloch et surtout Romain Rolland. À partir de 1921, Jouve traverse une profonde crise affective et intellectuelle qui l’amène à renier, à quarante ans, la totalité de son œuvre antérieure. La grande rencontre est alors celle de la psychanalyste Blanche Reverchon, avec laquelle le poète fera le signe d’une entente passionnelle et qui « l’appelant et le nommant », telle la Béatrice de Dante, le guidera sur le chemin d’une nouvelle création : la « Vita Nuova ». Cette nouvelle œuvre est empreinte des influences conjointes de la psychanalyse et du mysticisme, Jouve traduisant Freud et lisant également les textes sacrés. C’est à partir de 1924, que Jouve commence sa nouvelle œuvre avec, entre autres, des recueils de poèmes aussi essentiels que Sueur de Sang, Noces ou Matière Céleste et des romans écrits de 1925 à 1935 comme Paulina 1880, Le Monde désert, Hécate et Vagadu, Dans les Années Profondes. Après 1935, l’écriture de la sueur et du sang dominée par le personnage d’Hélène (Lisbé), s’allège par son passage à travers le paysage imaginaire d’une « Chine intérieure », par la rencontre avec la femme-cygne, Yanick, et sous l’influence de Saint-John Perse, Claudel et Segalen. Elle touche, dans les recueils Diadème (1949) Ode (1950) et Langue (1952), à l’esthétique de l’absence dans une poétique du retrait et de la réticence. Après ce parcours à travers l’architecture de l’œuvre jouvienne, nous avons cherché à mettre en lumière un poète hanté par l’exigence et la rigueur formelles et reconnaissant ses grands intercesseurs comme Hölderlin, Baudelaire ou Mallarmé, un critique d’art fasciné par la musique (Mozart, Berg, Malher) et, à la suite de Baudelaire, par la peinture (Delacroix, Meryon, Courbet, Sima, Balthus). Enfin, nous avons mis en exergue les intertextes sacrés, la lecture des mystiques, et le cheminement jouvien à travers la gnose, la théologie négative, la pensée du dieu caché. La quête philosophique garde également toute son importance à travers de grands textes philosophiques comme ceux de Schopenhauer ou encore de Kierkegaard, transmis au poète par le philosophe Jean Wahl. Le livre s’achève sur une chronologie de la vie et de l’œuvre et une bibliographie. Nos grandes parties sont les suivantes : Entre réel et imaginaire / Un chemin initiatique / La vie au miroir de l’art / La « conversion » ou la quête du sacré / La « Vita Nuova » ou la réconciliation avec les poètes intercesseurs / La quête philosophique. |
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Pierre Jean Jouve ou la quête
intérieure Paris, Editions Aden, 2008 |
Pierre Jean Jouve ou la quête intérieure:
The title already indicates our decision to further explore writing
itself, the creative process rather than the purely biographical
adventure. What seems essential is the inner woman, the Baudelairian
woman in black, with her ‘desire to paint’, the woman who is integral
to the poet’s unconscious. This does not stop us, in the particular
exercise that the Aden biographies suggest, from weaving
interconnections between life and writing. It is clear that
biographical event retains its importance, allowing Jouve to write his
first novel, Rencontre dans le carrefour,
in which Jean Santelier has the role of lover, Claire incarnating the
figure of the loved and lost woman, an image that will become an
obsessive figure before blossoming into that of Hélène. This writing is
thus deeply inspired by life events and a reality founded upon lived
experience, but the story overall, in which the memory of the writer is
anchored, also interferes with literary creation, a criss-crossing
between life and fiction that is rooted in a personal myth: ‘I had to
admit that I carried the myth within myself’ (En miroir),
a statement that refers to an obsessional myth, beyond any real event.
Between duly acknowledged memories and symbolisation, Jouve’s writing
unfolds giving full rights to dream. It is, too, to offer these rights
and to better convey this, that we evoke the main moments of Jouve’s
life, ever linking them to intellectual choices deeply anchored in
reality but also stemming from imagination and symbol. After evoking a
sad and solitary childhood filled with music, an adolescence marked by
an obsession with eroticism and guilt, we retrace the essential
elements of Jouve’s social engagement and his first works (1909-1920),
later disowned, composed of unanimist and pacifist texts, written under
the influence of his first wife, Andrée Charpentier, Historian agrégée,
and that of close friends, Jules Romains, Jean-Richard Bloch and
especially Romain Rolland. From 1921 on, Jouve goes through a deep
emotional and intellectual crisis which brings him to a total denial of
his earlier work, at age 40. At that time the major encounter is with
the psychoanylist Blanche Reverchon, with whom a passionate
understanding will be undertaken and who, ‘calling and naming him’,
like Dante’s Beatrice, will guide him along the path of new creation:
La Vita Nuova. This new work is imbued with the fused influences of
psychoanalysis and mysticism, Jouve translating Freud and also reading
the sacred texts. It is from 1924 on that Jouve inaugurates his new
writing with, among others, texts as fundamental as Sueur de sang, Noces or Matière céleste, and novels written between 1925 and 1935 such as Paulina 1880, Le Monde désert, Hécate et Vagadu, Dans les années profondes.
After 1935, the writing of sweat and blood dominated by the character
of Hélène (Lisbé) becomes less heavy via moving through the imaginary
landscape of an ‘inner China’, via an encounter with the swan-woman,
Yanick, and via the influence of Perse, Claudel and Segalen. This
writing, in the collections Diadème (1949), Ode (1950) and Langue
(1952), touches upon an esthetics of absence in a poetics of withdrawal
and reticence. After this journey through the architecture of Jouve’s
work, we seek to present a poet haunted by formal demands and rigour
and recognising his great intercessors such as Hölderlin, Baudelaire or
Mallarmé, an art critic fascinated by music (Mozart, Berg, Mahler) and,
like Baudelaire, by painting (Delacroix, Meryon, Courbet, Sima,
Balthus). Finally, we privilege the sacred intertexts, Jouve’s reading
of the mystics, and his path through gnosis, negative theology, the
thought of hidden divineness. Philosophical quest retains, too, all of
its significance through the great texts of Schopenhauer or
Kierkegaard, passed to the poet by Jean Wahl. The book closes with a
chronology of the life and work and a bibliography. The main sections
are: Between reality and imagination / A path of initiation / Life in
the mirror of art / ‘Conversion’ or the quest for the sacred / the Vita
Nuova or reconciliation with the poets of intercession / Philosophical
quest. |
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Bibliographie sur Jouve / Bibliography upon Jouve par / by Béatrice Bonhomme |
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Béatrice Bonhomme, poète et essayiste, vit à Nice. |
Béatrice
Bonhomme enseigne la littérature du
XX° siècle à l’Université de Nice. Elle a publié plusieurs recueils de
poèmes
ainsi que de nombreux articles et ouvrages critiques sur Pierre Jean
Jouve et
la poésie contemporaine. En 2003, Béatrice
Bonhomme a créé au sein du CTEL, centre qu’elle a dirigé durant 5
ans (de 2007 à 2012), l’Axe POIEMA, dédié à l’étude de la poésie. Elle a fondé avec Hervé Bosio,
en 1994, |
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Dernière mise à jour : 17 septembre 2013 Précédente mise à jour : 29 janvier 2009 |