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Pierre
Jean Jouve Un parcours biographique par Jean-Paul Louis-Lambert et Béatrice Bonhomme |
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Un panorama |
1887-1920 — La première vie de Pierre Jean Jouve |
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• 1887-1920 - Première
vie - cette page
• 1921-1928 - Crise - Ruptures - Vita nuova • 1925-1938 - Les Années prodigieuses • 1938-1948 - La Catastrophe européenne |
Durant sa première
vie, Pierre Jean Jouve a fréquenté les écrivains de l'Abbaye, et il a
été un
membre actif (et reconnu), successivement, du symbolisme, du
néo-classicisme, de
l'Unanimisme, de l'art social, puis un militant actif du
Pacifisme pendant la première guerre mondiale. Il a été l'ami d'hommes
de lettres importants, comme Romain
Rolland, Georges Duhamel, Charles Vildrac, mais aussi de Stefan Zweig,
et le collaborateur d'un
artiste majeur, Frans Masereel. Ces étapes montrent aussi en Jouve un
artiste hypersensible
et tourmenté, perpétuellement à la recherche des mots pour dire
les
images qui hantent sa psyché. Dans cette première vie, Jouve ne les a
pas
trouvés. Cependant, c'est souvent pour cette première vie, et pour son
oeuvre pacifiste, qu'il est connu à l'étranger, en particulier dans les
pays anglo-saxons
où l'on s'intéresse aux écrivains de la première guerre mondiale. C'est
aussi dans cette première vie que sont apparues ses figures féminines (la
Capitaine Suzanne H., la "femme maternelle", Lisbé) d'où
naîtra Hélène de Sannis.
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La
première vie de Pierre Jean Jouve Essai de chronologie |
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1887-1908 |
Enfance |
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Enfance Le livre de référence sur la jeunesse de Jouve, Jouve avant Jouve ou la naissance d'un poète de Daniel Leuwers (1984) |
Pierre Charles Jean Jouve est né à Arras (Pas-de-Calais) le 11 octobre 1887 dans une famille bourgeoise. Son père (Alfred, né en 1841) était courtier en assurance. Jouve en a donné l'image d'un tyran domestique. Sa mère (Eugénie Aimée Rosé, née en 1854), était musicienne et effacée. En 1889 naît sa soeur Madeleine. Jouve n’a pas aimé son enfance, ni sa ville. Il n’en reconnaît que deux aspects positifs : d’avoir été la ville de Robespierre (Jouve admire les révolutionnaires) et d’avoir été une "vieille ville espagnole".De santé fragile, Jouve subit à 16 ans une grave opération (péritonite et appendicite). Il connaît ensuite plusieurs années de crise dépressive. Il passe alors des années entre la musique, des méditations douloureuses et des "obsessions coupables". Il joue convenablement du violon et improvise au piano (l'instrument de sa mère). Après avoir obtenu son Baccalauréat en 1905, Jouve s’inscrit en Classes Préparatoires de Mathématiques au Lycée de Lille et parallèlement à la Faculté de Droit de Lille. Il rencontre un camarade belge, Pierre Castiau. Celui-ci lui fait connaître la poésie symboliste de son temps à travers les monographies recueillies par Remy de Gourmont dans ses deux volumes des Livres des masques. Jouve lit Rimbaud, Mallarmé, Baudelaire. Il découvre que des poètes écrivent ce qui fait son "tourment quotidien". Jouve va surtout faire la connaissance de la famille Charpentier. |
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La
famille Charpentier Marie-Caroline Andrée Edouard |
« Dès 1906, Jouve va faire la connaissance de la famille Charpentier qui habite Montreuil-sur-mer. Le père, Émile (Désiré, Théodore) Charpentier, avoué près le Tribunal civil, est mort en 1905, laissant une jeune femme de 40 ans, Marie-Caroline Cachelou et trois enfants. Catherine Jouve explique que Caroline Charpentier, ayant rencontré Pierre Jean Jouve à l’hôpital d’Arras, alors que le jeune homme de 16 ans était sous l’emprise de drogues, s’était prise d’affection pour lui et lui avait, alors qu’il était en pleine rupture familiale, ouvert son propre foyer. Caroline Charpentier prendra alors une influence absolument décisive sur Jouve. Elle jouera le rôle d’une véritable mère adoptive et Jouve lui vouera une affection filiale essentielle » (Béatrice Bonhomme, Quête). |
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Les
Bandeaux d'Or |
Jouve et sa soeur Madeleine fréquentent les enfants Charpentier. Madeleine est l'élève d'Andrée Charpentier qui est professeur d'histoire-géographie. Jouve est l'ami de son frère Edouard. Avec deux autres amis, Paul Castiaux et Théo Varlet, Jouve et Edouard créent à Arras et Lille (fin 1906-début 1907) une revue littéraire, Les Bandeaux d'Or, dont les principaux mécènes sont Paul Castiaux et Marie-Caroline Charpentier. |
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Les
Bandeaux d'Or Directeurs-fondateurs : Paul Castiaux, Ed. Charpentier, Pierre J. Jouve, Théo Varlet. A partir de 1911 seul le nom de Paul Castiaux est mentionné. Adresses : Paris : P. Castiaux, 1908-1910 ; Paris : E. Figuière, 1911-1912 ; Paris : G. Crès, 1913-1914. Périodicité : bimestriel (1906) ; trimestriel (1907-1910) ; mensuel (1911-1914) [Notice B.N.F., FRBNF32709775] |
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Symbolisme |
Les débuts littéraires de Jouve se font sous l'influence de Gourmont, Maeterlinck et Verharen, et déjà se profile sa fascination pour le lien entre la sexualité et la mort. Il admire aussi René Ghil, Francis Viélé-Griffin, Gustave Kahn, Paul Claudel. |
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Les
Abbés de Créteil (Photo de Darnac) Source des photos : *** Un documentaire sur l'Abbaye par Jean-José Marchand sur le site de l'INA. |
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1908-1909 |
En 1908, Jouve, malade ("maladie nerveuse" ?), passe six mois en Suisse et publie peu. En 1909, Les Bandeaux d'Or sont transférés à Paris. |
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1909-1910 |
Figures féminines Lisbé, en attendant le mythe d'Hélène
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Mythe
féminins |
Dans En
miroir (1954) Jouve donne des clés très importantes sur la
création de son grand
mythe
féminin, Hélène, qui apparaît en 1935 dans le roman Dans les années
profondes (le second récit de La
Scène capitale) et dans la
section
"Hélène" (1936) du recueil de poèmes publié en 1937, Matière céleste.
Il faudrait citer tout le chapitre "Hélène" de ce "Journal sans date"
écrit si longtemps après les faits. Nous en donnons quelques extraits,
ceux où Jouve décrit les "trois figures de femmes" qui lui aurait servi
à composer Hélène par "agglutination" (mot employé par Jouve pour
décrire, avec admiration, comment Nerval a composé "Aurélia"). Jouve
appelle ces figures : la Capitaine
Suzanne H., la "femme maternelle", et
Lisbé (ou Elisabeth V.). |
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La belle Capitaine H |
« Hélène fut formée d'abord et essentiellement d'une imago de mon adolescence, femme d'officier dont le portrait a d'abord passé dans le récit Les Allées : (...) Une chevelure, ah ! une chevelure énorme et repliée comme un nid de serpents, de teinte ou fauve ou cendrée ― oui plutôt cendrée. (...) J'avais aimé la belle Suzanne. H... (et retraçant son portrait, je crois que je l'aime encore). Elle montrait quelque indulgence à mes soupirs de jeune homme. Je l'aimais ― comme on adore a seize ans une déesse qui approche de la quarantaine. J'allais la visiter chez elle et je bravais son mari. Un moment plus étourdissant que les autres, ce fut celui où seul avec elle en son salon désuet, j'osai poser mes lèvres à l'intérieur de ses cheveux. » (En miroir, 1954) |
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Une
femme
maternelle |
«... un long adultère (avec la mère d'un camarade).» (Le Monde désert, 1927) «Plusieurs années après, ma première liaison réelle devait me mettre dans la brûlante confiance d'une femme dont l'âge s'éloignait plus encore du mien. Sans m'en douter, je jouais une scène qui eût pu être celle de Léonide.» (En miroir) |
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Lisbé |
«Pourtant ni Hélène ni Léonide n'eussent existé s'il n'y avait eu l'influence tragique d'une troisième figure, celle-là contemporaine du récit. (...) Il faut donc raconter maintenant l'histoire de Lisbé. (...) Un jour de mon orageux tourment à Paris en 1909, j'avais éprouvé le choc d'une très jolie jeune fille, créature aux cheveux d'or bruni, qui apparaissait sous la garde de sa mère dans l'hôtel où j'étais descendu, près du boulevard R. Rapidement le contact s'était établi, une passion réciproque nous avait saisis; mais après quelques jeux anodins, pourtant graves peut-être, la jeune fille m'avait été enlevée, repartie pour sa province.» (En miroir) |
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Il est délicat d'interprêter "historiquement" ces paragraphes qui sont écrits en 1954, soit 45 ans après les faits (1909-1910), et qui servent à Jouve à expliquer sa création littéraire durant les années 1933-1937. Ces lignes sont cependant celles qui ont guidé de nombreuses interprétations de quelques uns des hauts chefs-d'oeuvre de ses "années prodigieuses". Ensuite Jouve ajoute deux brèves phrases qui résument 16 ans de sa vie (1909-1925) ! |
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Deux brèves phrases |
« Ensuite l'aventure à laquelle je viens de faire allusion s'était produite, me guérissant de la jeune fille. Ensuite je m'étais marié, enfin je m'étais remarié. » (En miroir) |
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Portrait cubiste (1881-1946) 1909 (Centre Pompidou) |
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1909-1910 Symbolisme et Italie Artificiel (1909) |
Les lecteurs actuels de Jouve pensent de plus en plus que ces "imagos" sont des leurres que Jouve a racontés, avec son grand art qui en impose à ses lecteurs, pour créer une mythologie féminine qui a la puissance des grands mythes littéraires amoureux du XXe siècle (l' «Enfant» et l' «Amant de la Chine du Nord» de Marguerite Duras, par exemple). Que Jouve ait été frappé par des "figures féminines" qui ont excité son imagination incandescente, c'est certain. Mais "l'historicité" de ces figures doit être interrogée. Grâce à la chronologie donnée
par Daniel Leuwers, on sait que 1909 a été une année très marquante
pour Jouve. Il publie à quelques
exemplaires son premier recueil, Artificiel —
"artificiel", comme dans les "paradis
artificiels" des symbolistes —, et le livre s'ouvre sur une
citation de Lautréamont. Le
livre est magnifiquement imprimé par Lucien
Linard,
l'ouvrier typographe de L'Abbaye (on l'aperçoit dans une photo
reproduite plus haut), malheureusement en un très petit nombre
d'exemplaires. Jouve
fréquente ses amis
peintres post-cubistes : Albert Gleizes, Henri Le Fauconnier. Il exécute ses dessins "psychanalytiques"
dédicacés à Alexandre Mercereau. Jouve rencontre la "jeune fille"
qu'il appellera "Lisbé" et il
fréquente les
"toxiques". Il songe que seul le suicide lui permettra de résoudre ses
tourments intérieurs. C'est alors que Marie-Caroline Charpentier le prend en charge. Elle l'emmène en Italie trois mois (début de 1910) pour le débarasser de ses addictions aux drogues. |
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Qui est "la femme maternelle" ? Sur les crises vécues par l'écrivain, Pierre Jean Jouve — La Quête intérieure, par Béatrice Bonhomme (2008) |
Le lecteur
moderne sait aujourd'hui qui est la "femme maternelle", dont Jouve
parlera si
discrètement 45 ans plus tard. C'est Marie
Caroline Charpentier, sa
future belle-mère. Cette femme l'aime, le soigne, puis
transmet son amour à sa fille Andrée. « Caroline, qui a recueilli Pierre chez elle, ne cache en rien à sa fille à quel point Pierre et elle sont unis et combien ils puisent de réconfort dans ce lien : « En pleurant dans les bras l’un de l’autre, nous nous sommes calinés et consolés un peu » (Lettre à sa fille, 1909). Caroline est d’ailleurs l’objet de toutes les admirations de la part de sa fille et de son futur gendre. Ils la considèrent comme leur mère à tous deux, grande femme à l’âme noble qui trouve toujours, même dans l’affliction, les moyens de consoler et de restaurer l’harmonie entre les êtres. Peut-on penser avec Jean-Paul Louis-Lambert et Catherine Jouve que ce lien triangulaire est, au moins sur un plan imaginaire, fortement incestueux et que la femme « dont l’âge s’éloignait plus encore du (sien) » n’est autre que Caroline Charpentier » (Béatrice Bonhomme, Quête). |
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Qui
sont Suzanne H et Lisbé ? |
Les lecteurs sont également en droit de s'interroger sur l'historicité de "la commandante H" et de la jeune fille "Lisbé". En 1919, au plus fort de sa crise post-première guerre mondiale (où il a été un admirable pacifiste), Jouve publie Heures - Livres de la Nuit où une section, "Enfance", donne des témoignages sur ses sentiments et ses émotions pendants sa jeunesse à Arras. Ces poèmes seront rédités en 1922 dans Tragiques, puis disparaîtront de son oeuvre officielle. Des vers mettent visiblement en scène la "Capitaine H". |
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Enfance (1919) |
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Drogue et prostitution Le thème fréquent chez Jouve, de "La Femme à la fenêtre" a aussi été illustré par son ami Frans Masereel (Mon Livre d'Heures, 1927) |
Mais cette fois-ci, s'agit-il de l'épouse adultère d'un officier ? Ou d'une prostituée — dont les meilleurs clients sont des officiers ? Chez Jouve, le thème de la prostitution ne fait son apparition que fragmentairement dans ces poèmes de 1919, pour ne réapparaître en force qu'à partir de 1932 et 1933 dans Les Histoires sanglantes et Sueur de Sang. La prostitution fait l'objet de chapitres spécifiques dans En miroir : "Connaissance par l'érotique" ("J'avoue un attrait pour la prostituée"), et "Histoire de Yannick". Ce thème est, bien sûr, Baudelairien, comme est baudelairien le titre, Les beaux masques, qu'il a donné à un texte "pornographique", daté des années trente (?), caché et inédit du vivant de Jouve — et publié seulement en 1987 dans Oeuvre II. Dans ce texte au statut incertain, il semble à certains lecteurs modernes que ces nouvelles figures d' « Elisabeth V. » sont celles de prostituées. Daniel Leuwers voit dans l'épisode de la jeune fille de 1909 un épisode lié à la drogue :
Nous y voyons également un épisode lié à la prostitution — la drogue et la prostitution ne s'excluant pas. Cette thématique a été vécue par le jeune Jouve dans la fascination, l'exaltation et dans la souffrance, la dépression. |
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1910-1913 |
A la recherche des
"mots
pour se dire" |
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13 octobre 1910 Mariage de Pierre et Andrée néo-classicisme Les Muses romaines et florentines (1910) |
Pierre Jean Jouve et Andrée Charpentier se marient le 13 octobre 1910. Andrée est née en 1884, elle a trois ans de plus que Pierre. C'est « la femme au cœur NOBLE », très amoureuse de Pierre, épouse très dévouée, qui sera une grande militante pacifiste et féministe, en relation avec de grands esprits de son temps (de Stefan Zweig à Pierre Mendes-France, en passant par André Gide). Toute sa vie elle sera une compagnon de route des mouvements politiques progressistes.
Le deuxième recueil de Jouve, Les Muses romaines et florentines, riche de son séjour en Italie et tout empli de la présence de Marie-Caroline, paraît simultanément. Le recueil est dans l'esprit néo-classique d'Emmanuel Signoret, un poète mort trop précocement, mais qui avait été soutenu par André Gide. La versification est impeccable. Andrée Charpentier est l'une des six lauréates de l'agrégation d'histoire (jeunes filles) de 1909. Elle est nommée au lycée de jeunes filles de Poitiers où le couple va s'installer.
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Unanimisme Les Ordres qui changent La Rencontre dans le carrefour Les Aéroplanes (1911) |
Pierre Jean Jouve est à la recherche
de "mots pour dire" ce
qui l'habite (nous, nous savons qu'il ne les trouvera réellement
qu'après 1921 et sa "vita nuova"). En 1910-1911, Jouve croira les
trouver
dans l'Unanimisme, ce mouvement
créé par Jules Romains dès
1905 et
illustré par ses poèmes de La Vie
unanime en 1908. « Jules Romains a eu
l’intuition d’un être vaste,
élémentaire, dont la rue, les voitures et les passants formaient le
corps et dont le rythme emportait ou recouvrait les rythmes des
consciences individuelles. (...) Durant
cette époque, Jouve s’appuie sur une famille littéraire, le groupe
de l’Abbaye.
Ses poèmes de 1911 à 1919 expriment sa foi en l’homme, sa haine de la guerre,
son goût
pour la camaraderie fraternelle. Il est alors proche de Jules
Romains, Georges Duhamel, Charles Vildrac, René Arcos. Pris dans le
mouvement unanimiste, il cherche à entrer en sympathie avec les
sentiments collectifs de la foule. » (Béatrice Bonhomme, Quête)
On en trouve un écho fort dans les poèmes des Ordres qui changent
et surtout dans
le roman La
Rencontre dans
le carrefour,
publiés en juin 1911. Les poèmes chantent « l'harmonieuse
osmose entre la ville et l'individu » (Daniel Leuwers). On retrouve
cette thématique dans la fin du roman pour permettre à son héros, Jean
Santelier, de retrouver son unité menacée, mais cette thématique n'est
pas celle qui retient le lecteur moderne de ce roman renié par Jouve,
mais admiré par Paul Eluard. L'essentiel de La Rencontre dans le carrefour se trouve dans l'insolite histoire d'amour entre le héros et une« belle jeune fille blonde » , Claire Dernault. Jean Santelier ne cesse de s'interroger sur ses sentiments : il désire plus Claire qu'il ne l'aime réellement. Claire est prête à céder, mais Jean ne se résout pas à posséder la jeune fille. Le portrait des crises psychologiques en arrière-plan est puissant : Jean « soignera » sa crise lors d'un voyage en Italie (souvenir de son voyage avec Marie-Caroline Charpentier), et la soeur de Claire écrira au jeune homme que la jeune fille a sombré dans une dépression. Ce roman, publié un an après le mariage de Jouve et Andrée Charpentier serait, selon ce que dit Jouve en 1954 (En miroir), le récit de sa rencontre avec Lisbé en 1909. Le poème contemporain, Les Aéroplanes, décrit dans l'esprit unanimiste les émotions (en partie érotiques) d'une foule. |
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Les
directions de
la littérature moderne Présence (1912) |
Puis Jouve cherche à se démarquer de l'Unanimisme et il se rapproche du "classicisme moderne" et utopiques des "Abbés" de Créteil , Charles Vildrac, René Arcos, Georges Duhamel, Georges Chennevière. Les Bandeaux d'Or sont repris par l'éditeur Eugène Figuière qui édite les jeunes poètes (dont Jouve). Le 10 juillet 1912, Jouve prononce à Poitiers une conférence sur Les directions de la littérature moderne où il fait surtout l'éloge de Charles Vildrac et de Georges Duhamel. Les poèmes sont dits par Blanche Albane, comédienne chez Jacques Copeau, devenue l'épouse de Duhamel. Jouve publie également le recueil Présence qui marque le passage de l'unanimisme à la recherche des émotions. |
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L'Art social et le
théâtre Les deux forces (pièce) Parler (1913) Le Soleil sur la Cueille (1913, pièce inédite) L'Illuminée (1914, pièce inédite) |
A
Poitiers, Jouve cherche à avoir une activité professionnelle et il
représente les pianos mécaniques Pianola. Il fait la connaissance de Jean-Richard Bloch, professeur à
Poitiers, très actif
militant pour l'Art Social qui
publie la revue L'Effort
libre.
Jouve, qui fréquente le
Vieux-Colombier de Jacques Copeau, écrit trois
pièces de
théâtres. Deux sont inédites et sont connues à travers les
analyse qu'en donne Daniel Leuwers : Le Soleil sur
la Cueille.(1913) et L'Illuminée
(1914). Jouve montre ses pièces à Copeau qui n'en monte aucune. Seule
la pièce Les
deux forces
est publiée par l'Effort Libre.
Jouve y mèle conflits sociaux et
conflits amoureux. Dans ces pièces,
l'amour est montré comme une force plus puissante que celle de
l'argent. Si Les deux forces
contiennent de (faibles) échos unanimistes, les deux pièces inédites
sont intimistes, le ton du Soleil
sur la Cueille (la rivalité entre un père riche industriel et un
fils poète) étant même proche de celui de Tchekhov (mais La Mouette ne
sera créée en France, par Pitoëff, qu'en 1922).
Le recueil Parler se
situe dans le même esprit semi-unanimiste que Présence. |
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1914-1918 | ||||||||||||||
Vers le pacifisme Journal des Années de Guerre de Romain Rolland (1914) |
Olivier, le fils d'Andrée et Pierre naît le 13 mars 1914. Accouchement difficile. A l'Effort libre, Jouve se sent proche de Charles Vildrac ; il fait la connaissance du peintre Gaston Thiesson. Jouve lit Whitman (traduit par Léon Bazalgette qui fréquente L'Effort libre), Tolstoï et Romain Rolland, et il passe bientôt du socialisme au pacifisme. Quand la guerre éclate (14 août 1914), il se sépare de Jean-Richard Bloch qui part à la guerre avec enthousiasme. Son prochain guide intellectuel sera Romain Rolland. Jouve est réformé et ne part pas sur le front. A partir d'octobre 1914, il s'engage comme infirmier volontaire à l'hôpital de Poitiers qui accueille des soldats frappés de maladies infectieuses graves. A partir de novembre 1914, Jouve commence à écrire à Romain Rolland qui lui répond. Jouve sera très présent dans le Journal des Années de Guerre de Romain Rolland qui cite la correspondance qu'il entretient. Ainsi, on sait que Jouve décrit les ravages de la fièvre typhoïde dans son hôpital. |
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Jouve
et Romain Rolland Pacifisme Vous êtes des Hommes (1915) Articles en 1915 Les Hommes du jour (1) |
A
Poitiers Jouve continue à écrire à Romain Rolland. Il soigne les
malades infectieux et tombe lui-même malade. Il écrit Vous êtes des Hommes,
grande
fresque poétique pacifiste, qui est édité par Gallimard
(octobre 1915), sans doute grâce à une recommandation de Jacques
Copeau. Jouve est atteint d'une sérieuse affection pulmonaire. Il écrit
à
Romain Rolland qu'il envisage d'aller se soigner en Suisse (ce qu'il
avait
déjà fait en 1908). Fin octobre 1915, Pierre et
Andrée arrivent en Suisse, à
Montana. Ils logent près du chalet de Gaston Thiesson qui venait aussi
de s'installer en Suisse. Le 2 novembre Romain Rolland vient
rendre visite aux Jouve.
Jouve s'insère dans la communauté des militants pacifistes installés en Suisse et dont Romain Rolland est considéré comme l'âme. Pendant toute la guerre, Jouve va être très actif, à la fois comme écrivain, comme journaliste et comme militant. Jouve et Romain Rolland deviennent réellement amis. Jouve continue à lire Tolstoï.
Comme à Poitiers, Jouve s'engage comme infirmier volontaire à l'hôpital militaire de Montana. Il est très apprécié des soldats malades pour son dévouement. Mais son activité de militant pacifiste est connu et il est interdit de présence à l'hôpital par la hiérarchie militaire.
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En 1916, Jouve publie Poème contre le grand crime qui témoigne de son engagement au sein de la communauté pacifiste qui rassemble des personnes qui joueront des rôles divers dans la vie et l'oeuvre de Jouve. Citons : ■ Romain Rolland, sur qui Jouve décide d'écrire un livre (il paraîtra en 1920). Jouve écrit régulièrement à Rolland pour l'interroger, et fait des entretiens (en particulier fin 1916-début 1917, à Sierre) en prenant des notes. |
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La
communauté pacifiste de Genève
Poème contre le grand crime (1916) Articles en 1916 : Les Hommes du Jour (1) Demain (1) Les Tablettes (1) Le Carmel (1) La Revue mensuelle (2) Le Journal des années de guerre de Romain Rolland (Albin Michel, 1952) contient des témoignages précieux sur la vie de la communauté pacifiste française en Suisse pendant la 1e guerre mondiale, des portraits de Jouve jeune et des lettre échangées en Jouve et Rolland. |
■ Jacques Lenoir,
fils d'un
pasteur très puritain de Genève, sculpteur et homosexuel, qui deviendra
"Jacques de Todi" dans Le Monde désert
(1926). ■ Le peintre Edmond Bille (père de la future romancière Corinna S. Bille, dont Jouve préfacera Juliette éternelle en 1971) qui illustrera Poème contre le grand crime. Bille sera mise en scène par Jouve sous le nom de "Siemens", le peintre "dévoreur de femmes", dans Le Monde désert (1927). ■ Le peintre Gaston Thiesson (†1920) et son épouse, connus à Poitiers, étaient de bons amis du couple Pierre et Andrée. ■ Frans Masereel, très grand artiste belge, graveur, peintre, éditeur (et militant d'extrême gauche). Le plus grand artiste "expressioniste francophone" du 20e siècle. Il a travaillé entre la Belgique, la France, la Suisse et l'Allemagne. Ses "récits sans paroles" (et tout en images gravés sur bois) sont célèbres, comme La Ville. Il a travaillé avec Jouve (comme illustrateur et comme éditeur) jusqu'en 1924. ■ Stefan Zweig, le grand écrivain pacifiste autrichien, deviendra un ami intime de Jouve. Il jouera un rôle stratégique dans sa Vita Nuova.
■ Charles Baudouin : ce psychologue français (1883-1963), né à Nancy et émigré en Suisse, peut-être comme disciple de Rolland, jouera un grand rôle dans le développement de la psychanlyse en Suisse. Lui-même a été psychanalysé d'abord par un "jungien", puis par un "freudien". Il créera un institut de psychologie toujours actif à Genève. On peut supposer qu'il a joué un certain rôle dans la formation de la seconde épouse de Jouve, la psychanalyste Blanche Reverchon. Pendant la guerre il publie une revue, Le Carmel, où Jouve écrit. ■ Henri Guilbeaux, directeur de la revue Demain où Jouve publiera Poème contre le grand crime. C'est peut-être le nom qui revient le plus souvent dans la correspondance de Romain Rolland, car Guilbeaux est surtout un agitateur d'extrême-gauche (il soutient la révolution bolchévique) cherchant à instrumentaliser la communauté pacifiste pour l'amener sur son terrain révolutionnaire. Rolland et Jouve sont souvent en conflit avec lui ; ils sont cependant solidaires quand Guilbeaux est victime des polices suisses ou françaises.
■ Marcel Martinet, militant révolutionnaire, prolétarien et pacifiste, correspondant de Romain Rolland et collaborateur de Henri Guilbeaux. ■ Jean Debrit, directeur de
l'hebdomadaire : La
Nation, lance un
quotidien de 2 pages : La Feuille,
où Jouve écrira également. ■ Les russes exilés en Suisse : Lounatcharsky, Roubakine, Birukoff. |
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Stefan
Zweig : Romain
Rolland - Sa vie - Son oeuvre, texte français de O. Richez, La
Baconnière, Neuchâtel, s.d., p. 237. |
« A Genève, cependant,
un petit groupe de jeunes écrivains se forma autour de [Romain
Rolland]; ils étaient ses élèves et devinrent ses amis, puisant de la
force dans la sienne. Le premier d'entre eux, P. J. Jouve, le poète de
ces pathétiques recueils de vers : "Vous êtes des hommes" et "Danse des
morts", qu'une bonté ardente poussait à des accès de colère ou à des
extases, souffrant de tous ses nerfs à cause de l'injustice du monde
(...) » [Ensuite, Stefan Zweig présente René Arcos, Charles Baudouin,
Frans Masereel, Guilbeaux, Jean Debrit, Claude Le Maguet.]
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Entretiens
avec Romain Rolland Revue Les Tablettes : numéro Léon Tolstoy Salut à la Révolution russe Danse des morts Journalisme (1917) Articles en 1917 : Les Tablettes (12) Le Carmel (1) Le plus grand monde (2) Demain (1) La Feuille, dès le n°1 (31) L'Aube (4) La Nation () Cahiers idéalistes français Résurrection |
D'octobre 1916 à mars 1917, Jouve est constamment auprès de Romain Rolland : promenades, parfois les repas, lecture de ses manuscrits récents. Jouve rencontre Romain Rolland pour préparer son futur livre, Romain Rolland vivant. Transcription des entretiens dans des cahiers. Le 16 novembre 1916, Romain Rolland reçoit le prix Nobel de littérature au titre de l'année 1915. Jouve participe de façon extrêment active à la revue Les
Tablettes de Claude Le Maguet, à la revue Demain de Henri Guilbeaux et
au quotidien La Feuille de
Debrit dont il devient un journaliste y écrivant des dizaines
d'articles. Il fait aussi des "lectures
populaires" publiques
(sous l'égide des Tablettes) à Genève, les auteurs définissant une
configuration : Tolstoy, Gorki, Garchine, Dostoïevsky, Tchekhov,
Barbusse, Anatole France, Maupassant, Romain Rolland (Jean-Christophe,
Le Temps
viendra, une pièce de théâtre, le plus gros succès de
lecture), Latzko, Dickens,
Whitman.
En avril ou juin 1917, Jouve dirige un numéro spécial des Tablettes (le n° 9) consacré à Tolstoï. Quelques auteurs : Jouve, Rolland, Han Ryner, Charles Baudouin, Birukoff. En mai 1917, paraît la plaquette Salut à la révolution russe, par Masereel, Rolland, Martinet, Guilbeaux (l'éditeur, Demain) et Jouve qui a été séduit par les début pacifistes de la révolution russe. En novembre 1917, Jouve lit Menschen
im Krieg de l'écrivain juif autrichien (né en Hongrie) pacifiste
Andreas Latzko.
Jouve décide d'abandonner le poème pour le récit et commence
l'écriture des récits d'Hôtel-Dieu
qui se
souviennent de son expérience à l'hôpital de Poitiers. C'est aussi l'époque où Stefan Zweig obtient l'autorisation de venir en Suisse (création de sa pièce Jeremias). Il vient rendre visite aux Pacifistes. Jouve et Zweig deviennent immédiatement amis. Jouve et Zweig vont à Zurich pour voir les pacifistes français, pauvres, isolés et persécutés, puis les "pacifistes allemands", riches car instrumentalisés par leur gouvernement. |
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« C’est aussi l’époque où Jouve approfondit sa connaissance des idées libertaires grâce à son ami Jean Salives et avec l’aide des ouvrages de Proudhon, Kropotkine et Bakounine. Toujours dans cette même logique, en novembre 1917, Jouve règle ses comptes avec un certain nombre d’artistes dont l’esthétisme gratuit a, d’après lui, hâté la guerre. Il cite Mallarmé le mage, le satanique Rimbaud, Claudel et quelques autres, auxquels il reviendra dans un tout autre esprit, plus tard. Danse des morts affirme ainsi : "Mon poème n’a pas de patrie. Il hait la guerre. Il souffre pour tous les hommes". » (Béatrice Bonhomme, Quête) |
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Hôtel-Dieu
— Récit
d'Hôpital 1915 Le défaitisme contre l'homme libre Huit poèmes de la solitude (1918) Articles en 1918 : Les Tablettes (4) La Feuille (32) L'Aube (4) Résurrection (1) La Forge (1) Cahiers idéalistes français (1) La Sentinelle (1) |
Nombreux conflits entre les membres de la communauté
française, avec le
révolutionnaire radical Guilbeaux d'un côté, et le libertaire Le Maguet
de l'autre, et Jouve déchiré entre eux. Jouve organise des conférences
et des "lectures populaires" à Genève qui touchent un large public.
Jouve a du succès
auprès des socialistes : La Danse
de Mort éditée aux Tablettes
est épuisée ; elle est rééditée par Gruber à la coopérative d'Action
sociale de La
Chaux-de Fonds. Il y fait des conférences.
Jouve et Frans Masereel éditent Hôtel-Dieu — Récit d'Hôpital 1915 (en juin 1918), les récits où "l'infimier" (c'est-à-dire Jouve) témoigne de la vie et de la mort des malades (et de leurs soignants) qu'il a observés à l'hôpital de Poitiers. Cette "vie des martyrs" témoignent du talent de prosateur de Jouve. Le livre est illustré de bois expressionistes de Frans Masereel. Jouve témoigne de son soucis pour ses parents qui ont dû fuir en catastrophe les bombardements du Nord de la France. Sa mère a soixante-cinq ans et son père soixante-dix-sept. Il y a une polémique à propos du concept et du mot "défaitiste" employé par Stefan Zweig qui veut retourner le mot de leurs adversaires. Jouve publie : Le défaitisme contre l'homme libre, où il illustre son pacifisme tolstoïen. Un travail incessant (écriture de dizaines d'articles, tournées de conférences) et un militantisme, où beaucoup d'énergie a été perdue par des polémiques intestines, ont épuisé Jouve qui veut revenir à sa vraie vocation, l'art.
Le 11 novermbre 1918, c'est l'armistice. Les militants pacifistes sont sceptiques devant l'évolution des évènements. En décembre Romain Rolland contracte une mauvaise grippe, et Jouve reprend son tablier d'infirmier pour le soigner. Jouve écrit les Huit poèmes de la solitude qu'il édite à Genève (sans doute à compte d'auteur). Il y exprime son désir de se retirer des évènements. |
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Références sur les milieux
pacifistes autour de Romain Rolland |
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1919-1921 |
Après la Guerre et avant la crise
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Pacifisme
et mal de vivre Les éditions du Sablier Heures Livre de la Nuit (avec Frans Masereel, 1919) Articles en 1919 : Cahiers idéalistes français (1) La Forge (3) La Vie ouvrière (3) |
Après guerre, Jouve reste proche de Romain Rolland dont il est souvent le collaborateur (et le secrétaire) pour des activités militantes. La Librairie Ollendorf lui commande un livre sur Romain Rolland. Des amis de Jouve, René Arcos et Frans Masereel, créent à Genève en 1919 les éditions du Sablier qui publient des petits livres de semi luxe : textes écrits par des poètes et écrivains (pacifistes) amis, typographie et mise en page soignée, illustrations par Frans Masereel (bois originaux), tirages limités à quelques centaines d'exemplaires. Citons Liluli de Romain Rolland dont Jouve a été l'éditeur, Le Paquebot Tenacity de Charles Vildrac (pièce très populaire naguère), Lapointe et Ropiteau de Georges Duhamel (autre ami de Jouve), Les poètes contre la guerre qui est un recueil collectif, et Heures Livre de la Nuit de Jouve. Jouve est écartelé entre son sentiment pacifiste très fort et
son désir d'autonomie personnelle. Cela apparaît clairement dans le recueil Heure Livre de la nuit où des textes pacifistes encadrent une section "Enfance", qui reste très étonnante aujourd'hui encore par l'âpreté des souvenirs de jeunesse que Jouve rapporte et qui donnent des indications très précises sur son mal de vivre. C'est une des sources les plus intéressantes pour identifier la figure de la Commandante Suzanne H. |
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Heures Livre de la Grâce (avec Frans Masereel, 1920) Les Poètes contre la Guerre (éditions du Sablier, collectif, 1920) Romain Rolland vivant (Librairie Ollendorf, 1920) Articles en 1920 : ça ira (1) La Vie ouvrière (3) Clarté (1) |
Jouve
publie ensuite le recueil Heures
Livre de la Grâce, à compte d'auteur, avec Frans Masereel et
l'aide de Claude Le Maguet. Jouve y célèbre son amitié avec
Romain Rolland. Il participe au recueil collectif Les Poètes contre la Guerre, avec René Arcos, Charles Baudouin, Georges Duhamel, Luc Durtain, Marcel Martinet, Maurice Pottecher, Romain Rolland et Frans Masereel. En septembre 1920, paraît le grand livre de Jouve sur son ami, Romain Rolland vivant. A cause de son désir de se démarquer de ce maître à penser, son admiration est relativisée par des références à Tolstoï. Pendant tout le second semestre 1920, Olivier, le fils de Jouve est
gravement malade : interventions chirurgicales, rechutes. Jouve
vit
cette épreuve dans l'angoisse. Andrée n'a plus de poste de professeure
en Suisse. Pour des raisons financières, le couple va s'installer en
Italie et vit dans des villas louées dans les environs de
Florence.
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Jean-Paul Louis-Lambert Béatrice Bonhomme |
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Les
Biographies de références de Pierre Jean Jouve |
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Ce parcours biographique |
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