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par Jean-Paul Louis-Lambert et Béatrice Bonhomme |
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Les étapes
biographiques |
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Pierre Jean Jouve un des écrivains majeurs du
second quart du XXe siècle Un grand précurseurs de notre modernité |
Après sa vita nuova, pendant les années prodigieuses 1925-1938, Pierre Jean Jouve a été, à lui tout seul, un mouvement littéraire, concurrent — sur le même terrain, mais en regardant dans une autre direction — tout à la fois du Surréalisme et d'André Breton (qui le reconnaissait), du Grand Jeu (il a été l'ami de certains de ses membres, Joseph Sima et André Delons), et du groupe de Georges Bataille — qui n'en parle jamais (à notre connaissance), mais Bataille le lisait certainement très attentivement, et Jouve a collaboré avec Pierre Klossowski et André Masson. Pendant cette courte période, Jouve a été l'un des plus grands romanciers de son temps, avec Paulina 1880, Le Monde désert, Hécate, La Scène capitale, un des plus grands poètes de son temps avec Les Noces, Sueur de Sang, Matière céleste, un des plus grands traducteurs de son temps avec Les Poèmes de la Folie de Hölderlin et de La Tragédie de Roméo et Juliette de Shakespeare, un des plus grands critiques musicaux de son temps avec ses articles sur Alban Berg et Bela Bartok. Grâce à sa synthèse précoce de la poésie symboliste, de la poésie mystique et de la psychanalyse freudienne, il est devenu l'écrivain majeur de la rencontre d'Eros et Thanatos qu'il a élargie de la vie intime privée (le mythe d'Hélène et le roman de Lisbé) à la vie collective politique (l'Apocalypse guerrière), mêlant érotisme et mystique. Quand la seconde guerre mondiale éclate, il est considéré comme un "Témoin" qui a prophétisé la Catastrophe européenne et, depuis la Suisse, il devient un écrivain majeure de la résistance intellectuelle pratiquant la "défense et illustration" du meilleur de la civilisation française. Il est également un grand écrivain critique littéraire et musical, avec des livres majeurs sur Baudelaire, sur Mozart et sur Alban Berg. |
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Que signifie : "écrire une biographie de Jouve" ?
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La vie de Pierre Jean Jouve est plutôt mal connue, de par la volonté de l’écrivain. Or Jouve — sous forme parfois claire, mais souvent cachée —, a mis beaucoup de lui-même, de son âme et de sa vie, dans son œuvre. Son « Journal sans date » de 1954 s’appelle En miroir. C'est une magnifique autobiographie artistique et spirituelle, mais elle est très parcellaire, Jouve ne décèle que des aspects fragmentaires de sa vie. Ce qu’il dit cache souvent ce qu’il ne dit pas. Sa vie est également mal connue pour une autre raison : Jouve n'a pas été une personnalité publique se mettant en scène, et les sources habituelles (par exemple, les journalistes) se sont fort peu intéressées à lui. |
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1925 La vita nuova de Pierre Jean Jouve |
En 1925, débute la "vita nuova" de Jouve : il déclare (en 1928) qu'il renie tout ce qu'il a publié jusqu'en 1924. Il interdit toute réédition, et tout commentaire de ces oeuvres qu'il estime "manquées". Il a divorcé d'avec sa première femme, Andrée Charpentier, il a rompu avec tous ses précédents compagnons. Il s'est remarié avec Blanche Reverchon, bientôt psychanayste reconnue. Il revient à la lecture des grands poètes symbolistes (Baudelaire), il lit les grands mystiques espagnols et italiens, il découvre la pensée de Freud. Jouve fait table rase et efface toute son ancienne œuvre. En 1925, sa nouvelle oeuvre commence avec Mystérieuse Noces et Paulina 1880. |
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Ses amis qui ont écrit des biographie ont respecté ses vœux de silence. Ainsi René Micha, un ami depuis 1940, publie en 1956 (sous son regard) une monographie très utile car Jouve lui a fait des confidences très importantes, mais beaucoup de faits restent inconnus. Le Cahier de l'Herne de 1972 (dirigé par Robert Kopp et Dominique de Roux) est tout aussi laconique sur la première partie de la vie et de l'oeuvre de Jouve. |
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Jouve avant Jouve et Textes retranchés en 1925 |
Des publications tardives, après la mort de Jouve en 1976, nous ont permis de mieux connaître des pans cachés de son oeuvre — et partant, de sa vie. Il y a d'abord eu l'incontournable biographie du "jeune Jouve" par Daniel Leuwers en 1984, Jouve avant Jouve, qui dévoile la première vie de l'écrivain avant sa vita nuova et la période de crise qui lui a fait changer de vie, et d'oeuvre. En 1987, Jean Starobinski publie deux volumes de Œuvre qui donne à découvrir de nombreux "Textes retranchés", ces livres (un roman, des récits, de nombreux recueils poétiques) que Jouve avait reniés et que nul ne devait lire. |
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1958-1967 Les réécritures tardives |
Plus même : entre 1958
et 1967,
Jouve avait réédité son oeuvre officielle (celle
d'après 1925) et en 1987, on
découvre aussi qu'il a beaucoup coupé dans cette oeuvre,
voir réécrit
des textes entiers. La biographie de Béatrice Bonhomme, Pierre Jean Jouve ou la quête intérieure (2008) ajoute de nouvelles informations inédites montrant l'intrication extrême de la vie et de l'œuvre, alors que les romans de Jouve ne sont absolument pas "auto-fictifs". Mais Jouve usait largement de ses expériences privées pour nourrir son oeuvre. |
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Une brève biographie de Pierre Jean Jouve Dans l'ombre une vie faite de ruptures |
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La
première vie de Pierre Jean Jouve avant 1925 |
Les informations biographiques mettent à mal une idée reçue sur Jouve et nous informe sur une caractéristique de sa quête perpétuelle. Cet écrivain a la réputation d'être un solitaire ombrageux, et il est vrai qu'il détestait les groupes. Dans sa première vie, il a cependant fréquenté les écrivains de l'Abbaye, et il a été un membre actif (et reconnu) du symbolisme (1907-1909), du néo-classicisme (1910), de l'Unanimisme (1911-1912) et de l'art social (1913), enfin militant actif du Pacifisme pendant la première guerre mondiale (1914-1920). Il a été l'ami d'hommes de lettres importants, comme Stefan Zweig, Romain Rolland, Georges Duhamel, Charles Vildrac, Jules Romains et le collaborateur d'un artiste majeur, Frans Masereel. Ces étapes montrent aussi en Jouve un artiste hypersensible et tourmenté, perpétuellement à la recherche des "mots pour dire" les images qui hantent sa psyché. Dans cette première vie, il ne les a pas trouvés. |
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Les
Années prodigieuses 1925-1938 Eros et Thanatos Paulina 1880 Les Noces Le Monde désert Hécate L'Imaginaire Sueur de Sang La Scène capitale Matière céleste |
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Grandes oeuvres romanesques
et poétiques de Jouve en collections de poche |
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La
Catastrophe européenne 1938-1948 Tombeau de Baudelaire Le Don Juan de Mozart La Vierge de Paris |
A partir de 1940 et pendant toute la guerre, Jouve s'exile en Suisse. Il devient une figure reconnue de la résistance littéraire intellectuelle anti-nazie avec ses poèmes apocalyptique de Gloire, tout en continuant à approfondir sa thématique personnelle (Éros et Thanatos) et approfondissant une méditation mystique sur le Nada. Il a cessé d'écrire des romans depuis 1935, mais à côté des poèmes qui seront regroupés dans La Vierge de Paris, il commence la rédaction de ses grands livres de critiques littéraires, artistiques et musicaux : Le Tombeau de Baudelaire, Défense et Illustration, Le Don Juan de Mozart. Son éditeur principal est alors Walter Egloff qui dirige la LUF (Librairie universitaire de Fribourg). Jouve a entendu l'Appel du 18 juin 1940 et s'est attaché à la figure de Charles De Gaulle. En Suisse, Jouve s'est lié avec de nombreux écrivains et essayistes, comme Marcel Raymond, Albert Béguin ou Jean Starobinski. |
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La
traversée du désert 1949-1953 Diadème Ode Langue Wozzeck (avec Michel Fano) |
Après guerre, commence une traversée du désert dont on se demande si elle s'est jamais achevée. Il se brouille avec Jean Paulhan et Gaston Gallimard — il reproche à ce dernier son attitude pendant la guerre. Cette rupture sera radicalisée en 1953. Pendant cette période, Jouve publie chez des éditeurs courageux, mais marginaux : la LUF (émigrée à Paris), pour Louange, Minuit pour Diadème et Ode, GLM pour Génie et Apologie du poète, La Baconnière pour Commentaires, L'Arche pour Langue. Il publie un important travail fait en commun avec le compositeur Michel Fano, qu'il a connu au Domaine musical de Pierre Boulez : Wozzeck ou le nouvel opéra, chez Plon. |
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Vers
la Chine intérieure 1953-1969 En miroir Lyrique Mélodrame Inventions Proses Moire Ténèbre |
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Un
maître en poésie |
Dèpuis 1940, et surtout à partir des année 50, Jouve devient l'ami (pas toujours facile à vivre !), et souvent le guide de toute une nouvelle génération d'écrivains et de poètes : Albert Béguin, Jean Starobinski, Pierre Emmanuel, Jules Roy, André Pieyre de Mandiargues, Henry Bauchau, Yves Bonnefoy, Salah Stétié, Fernand Ouellette. Mais Jouve s'est aussi brouillé avec de nombreux amis, comme Sima, Balthus, Pierre Leyris. Ce goût pour la rupture l'a poursuivi toute sa vie, et dans son oeuvre. |
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Béatrice Bonhomme Jean-Paul Louis-Lambert |
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Dernière mise à jour : 19 juin 2013 |